|
Phénomène « enfants de la rue » en Afrique. Causes et solutions en milieu chrétien. |
PRINTABLE VERSION |
(Conférence donnée a la Fédération des Parents Chrétiens du Congo, Juin 2002)
INTRODUCTION.
Avant les années 80, les pays africains affichaient de manière arrogante qu’ils ne connaissaient pas le phénomène des enfants de la rue. D’après la rhétorique d’alors, les Africains avaient une conception de la famille tellement élevée qu’un enfant ne pouvait être abandonné de ses parents. Et quand bien même cela arrivait, cet enfant serait aussitôt récupéré par les autres membres de la famille. En effet, dans la tradition africaine, l’enfant constituait tout l'investit humain et total des parents. L’on mettait au monde pour continuer le clan, pour se montrer digne de ses parents et pour ne pas éteindre le nom de la famille. La famille était le lieu d’expression des sentiments de solidarité clanique. Elle aidait ou était un cadre d’expression de prérogatives, un soutien et un milieu de croissance. C’est cette famille que les pays africains croyaient encore servir jusque dans les années 80. La vérité c’est que la famille telle qu’entendue ci-haut était une réalité vécue dans l’Afrique des villages. L'Afrique d'aujourd'hui avec ces villes avaient amené ses impératifs et avait déstructuré la réalité sociale. Cette déstructuration a, entre autres, engendré des enfants de la rue, des enfants dont la paternité est attribuée à la rue!
1.DISTINCTIONS TERMINOLOGIQUES.
L’on distingue les enfants de la rue des enfants dans la rue. Les enfants de la rue ou shégué(Congo), Chokora (Kenya) sont des enfants qui passent leurs journées dans la rue et dorment dans la rue. Ils passent leur vie dans la rue et n’ont de compte à rendre à personne. En tout cas, à aucun parent, à aucune autorité familiale. Toute leur vie s’organise et se déroule dans la rue. Ils vivent et survivent dans la rue.
Les enfants dans la rue sont un groupe d’enfants qui se réclament des parents connus. Ils passent leurs journées dans les rues, mendient ou volent ou rendent de petits travaux lucratifs. Au soir de la journée et de leurs activités, ils rentrent sous le toit paternel ou familial ramenant le butin. Ces enfants, selon certaines circonstances, peuvent se retrouver complètement dans la rue et devenir shégués, chokora.
2.ORGANISATIONS EN BANDES.
Les enfants de la rue s’organisent en bandes. La survie dans la rue exige une organisation judicieuse pour se protéger contre les intempéries, les tracasseries de tout genre. L’organisation permet aussi une prise en charge collective et une prise en charge de chacun par la bande. L’on distingue les bandes égalitaires de bandes hiérarchisées. Une bande égalitaire est composée des enfants de même tranche d’âge. Par exemple des enfants de 11 à 13 ans qui partagent les mêmes expériences et affichent le même comportement.
Une bande hiérarchisée se caractérise par la reconnaissance d’une autorité en un aîné. Celui-ci a un rôle d’un véritable leader. Cet aîné est l’organisateur du groupe. A Kinshasa, on le surnomme Yakuza. L’adhésion à un groupe se fait selon un rituel varié mais qui a en commun la violence. Un nouveau shégué se verra violemment battre pour intégrer une bande. Un autre se verra violer soit par le chef seul soit par tous les membres de la bande pour obtenir son visa d’adhésion. Un autre subira brimades et rapts jusqu’au déshabillement. Une fois ce rituel accompli le nouveau venu devient membre effectif et jouira de la protection assurée par le groupe contre les agressions étrangères.
Chaque bande organisée se caractérise positivement par une triple qualité de solidarité, de fraternité et de discipline. La solidarité et la fraternité s’expriment par l’organisation matérielle pour la survie du groupe, par la recherche des moyens de vivre. Elles se caractérisent aussi par la connaissance mutuelle des membres de la bande. Il n’est pas rare que l’aîné du groupe ou de la bande connaisse les parents des autres et parfois abordent le parent d'un membre trop jeune ou trop mineur pour plaider pour son retour en famille.
La discipline s’exprime par l’ordre et le respect que les membres se doivent et, surtout, doivent au chef. La force physique est ici très importante car elle permet l’exercice efficace de l’autorité. Il faut dire que toutes ses qualités s’expriment et se déploient sur fond de violence car cette dernière est en définitive le moyen privilégie d'exercice de pouvoir et d'expression communautaire. Le but de la bande est de protéger les membres.
3.CAUSES.
Quelles peuvent être les causes du phénomène massif des enfants de la rue en Afrique? Qu’est-ce qui fait que l’Afrique qui se prévalait et se prélassait d’être le havre de la solidarité, le garant des valeurs de la famille et qui considéraient les enfants comme une richesse voit ses villes tout d’un coup inondées des ces êtres chers et fragiles? l’Afrique est-elle entrain de renier ses anciennes valeurs? Est-elle entrain de changer?
|
Tags
You must be logged in to add tags.
Writer Profile
Yambwa, Nziya Jean-Pierre
This user has not written anything in his panorama profile yet.
|
Comments
You must be a TakingITGlobal member to post a comment. Sign up for free or login.
|
|