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C’est le thème de la conférence organisée par le Groupe Croissance, lors de la commémoration de son dixième anniversaire le vendredi 1e octobre 2004. Plusieurs personnalités du monde scolaire et de la communauté universitaire haïtiens ont assisté à cette rencontre. L’intervenante, madame Roseline Benjamen, psychologue, a surtout, dans son exposé, orienté la réflexion sur le rôle et l’importance de l’intelligence émotionnelle.
Le monde scolaire haïtien et le développement de l’intelligence émotionnelle
Selon Madame Roseline, l’humanité a passé des millénaires à investir dans ce qui ne représente que 20% du potentiel humain, c’est à dire le quotient intellectuel. Point n’est besoin de signaler le cas pour Haïti où, jusqu’à l’heure actuelle, l’on ne dispose, comme repère ou point d’ancrage, d’aucune philosophie consciente d’éducation. Même le QI(quotient intellectuel) ne fait pas l’objet d’une prise en charge sérieuse, chez nous, en Haïti. Alors, qu’en est-il du QE( quotient émotionnel)?
Le quotient émotionnel et son importance
Dans son livre « L'intelligence émotionnelle », Daniel Goleman(1997) présente l’intelligence émotionnelle comme une capacité comprenant cinq grandes composantes :
· la conscience de ses émotions ;
· la maîtrise de ses émotions ;
· la capacité de se motiver ;
· l'empathie ;
· la maîtrise des relations avec les autres.
Faute de trouver à ce nouveau concept- qui émerge dans la terminologie en usage chez les psychologues- une définition qui fasse autorité, on préfère le présenter et l’analyser sous l’angle de ses composantes. Il pourrait donc probablement s’agir de cette capacité qui permet à une personne de composer harmonieusement avec son environnement immédiat et de trouver la solution efficace dans une situation relativement épineuse. Les personnes qui présentent une certaines habilité dans l’art de la négociation, qui sont d’humeur contagieuse et capables de concession auraient un quotient émotionnel plus élevé que celles qui sont plutôt conflictuelles.
En Haïti, il paraît que sommes plutôt les porteurs d’une culture conflictuelle : nous nous entendons difficilement sur des différends. Le travail qui consisterait à éveiller d’abord, et améliorer, ensuite, notre intelligence émotionnelle, interpelle la conscience des autorités éducatives. Puisqu’il s’agira de commencer à travailler pour léguer, en termes d’hérédité sociale, un héritage valable à la génération du tricentenaire. Dieu soit loué qu’il soit possible d’agir sur l’intelligence émotionnelle! Mais cela n’ira pas de soi : il faut d’abord créer les conditions nécessaires à l’exécution d’une telle tache. Et cela doit passer par une redéfinition de notre philosophie de l’éducation.
Redéfinir la philosophie de l’éducation en Haïti
Redéfinir la philosophie de l’éducation, en Haïti, revient à se poser les questions suivantes : « Pourquoi éduquons-nous les jeunes haïtiens? Dans quelle intention les formons-nous dans les écoles? Qu’attendons-nous d’eux ou, encore, qu’est-ce que la nation attend-elle de nous, en tant qu’éducateurs?». De telles interrogations devraient plonger les décideurs dans une profonde réflexion sur notre degré de fidélité par rapport à la mission que nous sommes sensés accomplir en tant que patriotes et nationalistes.( Nous ne voulons pas parler d’un nationalisme d’enfermement au sens où l’entend le docteur Claude Souffrand (2004) dans l’ouvrage « Haïti à l’ère des ordinateurs-Diaspora•Femmes•Éducation »). Il s’agit plutôt d’un nationalisme qui portera les éducateurs à s’élever au-dessus de leurs intérêts en vue de réfléchir sur les problèmes de notre système éducatif et d’adopter la solution qui s’impose, sans parcimonie aucune. Mais la redéfinition de cette philosophie de l’éducation doit partir de certaines pistes précises de réflexion : en formant à l’école les jeunes haïtiens, quelle est la vision des éducateurs? Celle de la Diaspora? De la nation haïtienne? Ou, encore, de l’individu, c’est à dire du jeune haïtien lui-même, en tant qu’être responsable d’orienter son devenir?
Ces questions nous ramènent au problème posé par J. Leif et G. Rustin (1984) dans l’ouvrage « Philosophie de l’éducation » ( premier tome). En fait, ces auteurs abordent la question de la légitimité et des fins de l’éducation sous deux angles : la société et l’individu.
La société : la nation
Nous sommes conduits par les auteurs à effectuer un retour vers le passé greco-romain. A ce moment, toute l’éducation s’était orientée dans le sens de la culture militaire. Puisque la société était « toujours en état de défense » (J. Leif et
G. Rustin, 1984). Mais avec la révolution technologique, la société moderne semble avoir plus besoin de techniciens que de soldats. Aussi la formation scolaire se voit-elle, du même coup, assigner la mission de former cette main-d’œuvre qui consistera à résoudre les problèmes sociaux d’ordre technique. Cependant, la tache des éducateurs commence à se complexifier dès lors qu’ils doivent chercher à former des citoyens pour des sociétés de plus en plus démocrates. Alors, l’éducation de la convivialité, du sens des responsabilités, de la loyauté et du désintéressement devient une priorité. Dans une telle mouvance, on pensera nécessairement à former non seulement le citoyen d’un pays, mais également celui de l’humanité : étant donné qu’à notre époque, plus qu’à aucune autre de l’histoire de l’humanité, les barrières entre les races et les cultures se dissolvent.
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Jean Wilner I Louis
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