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L’individu : l’écolier
Quand l’éducation devient puerocentrique, on se fait une idée de l’homme, on élabore une certaine conception de celui-ci. Dépendamment de la conception que l’on se fait du sujet apprenant, la formation scolaire sera orienté dans un sens ou dans un autre : chercher à maximiser le quotient intellectuel de l’écolier à travers un programme rabelaisien, éduquer à la liberté et à la justice, édifier une intelligence fine et lettrée, sont autant de possibilités avec une éducation reposant sur l’individu ou sur l’écolier lui-même. Mais ces orientations du programme scolaire, qui, d’ailleurs, doivent découler d’une redéfinition de la philosophie de l’éducation haïtienne, nous conduisent à réfléchir sur la mise en application d’une politique sérieuse de l’éducation.
Pour une politique de l’éducation en Haïti
De nos jours, l’administration scolaire commence à devenir une discipline qui s’impose dans la foulée des sciences de l’éducation. Quoi qu’on en pense, elle s’avère d’une nécessité incontournable pour la mise en application d’une politique de l’éducation. Mais qu’en est-il de chez nos, en Haïti? Le jours même où le Groupe Croissance organisait la conférence sur ce sujet qui nous occupe dans cet article, certaines questions relatives à l’administration scolaire en Haïti ont été soulevées. Il semble même que l’existence de cette nouvelle discipline, dans laquelle on devrait penser à former de nouveaux cadres, est ignorée chez nous. Dans une conversation avec un éducateur du Cap-Haïtien, le professeur Léandre Altiéry, nous avons abordé certains problèmes qui font lamentablement échec au système scolaire en Haïti. Selon le professeur Altiéry, rien qu’au Cap-Haïtien, l’administration scolaire se heurte à deux obstacles principaux : la course effrénée à l’argent avec la drogue comme corollaire et le phénomène des « raquetteurs ». Ces derniers, pour reprendre le mot de l’éducateur capois, « nous submergent ». Il n’est donc pas question de l’émergence des raquetteurs : ils font plus qu’émerger. Ils s’imposent et se taillent une place de
priorité dans notre système scolaire. Ils préparent de faux carnets, donnent de fausses notes et tendent à faire regorger l’intelligentsia nationale de « faux-philosohes ». Dans de telles conditions, on a de quoi se demander « où vons-nous dans ce pays?».
Nous parviendrons à poser les bases d’une politique sérieuse de l’éducation lorsque nous aurons mûrement réfléchi sur ces problèmes qui rongent notre système scolaire. Ces question que nous venons de soulever doivent participer des priorités dans les décisions à envisager pour sortir notre école de ces gaucheries administratives et en éviter les conséquences désastreuses qu’on tend à léguer en héritage à la génération du tricentenaire haïtien. Comme un professeur de langue nous a fait remarquer, dans une conversation sur la question de la surnumérarité, que pour parvenir à 40 élèves dans nos salles de classe, il nous faudra travailler assidûment pendant 20 ans à partir de 2004, on est en droit de se demander également que, pour parvenir à faire l’éducation de l’intelligence émotionnelle, s’il ne nous aura pas fallu le double de ce temps.
Jean Wilner I. Louis
Finissant en psychologie, Faculté d’Ethnologie
Email : woulouis@yahoo.fr
Références
1- Claude Souffrand et al : Haïti à l’ère des ordinateurs- Diaspora•Femmes•Éducation, H. Deschamps, Port-au-Prince, 2004, 215 pages
2- Daniel Goleman : L’intelligence émotionnelle. http://www.manageris.com/all/com/dom/as4_cadre.html[ en ligne]. 1997. consulté le 8 octobre 2004
3- J. Leif et G. Rustin : La philosophie de l’éducation –Pédagogie générale-(tome 1), Delagrave, Paris, 1984, 359 pages.
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