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L’esclavage conjugué au présent Printable Version PRINTABLE VERSION
by Ludewic Mac Kwin De Davy, France Feb 16, 2009
Culture , Human Rights , Peace & Conflict   Opinions
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Plus de 250 millions d’esclaves dans le monde. Enfants exploités, travail au noir, conditions de travail précaires ou à la limite de la légalité, les esclaves modernes sont souvent derrière les bénéfices records des multinationales, derrière la luxure des villas, derrière les coutumes et traditions, prisonniers d’un système qui a su au fil des siècles s’adapter aux époques et aux milieux.

Malgré les instruments juridiques internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme[1] ou les règles de l’Organisation international du Travail[2], l’exploitation forcée de l’être humain au mépris de toute dignité est l’une des particularités de la société contemporaine. Même si tout le monde convient à dire, du moins en public, que c’est une pratique répugnante, il n’en demeure pas moins que les chiffres officiels[3] montrent que le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur et qu’il semble échapper à tout contrôle. Au-delà des sentiments humanistes exprimés, quelques fois la main sur le cœur, et rapidement passées au broyeur des intérêts inavouables, c’est l’ensemble des valeurs acquises durant des siècles de lutte et des décennies d’évolution presque « acharnée » qui semble remis en question par la profusion des pratiques esclavagistes et honteuses. Les sweatshop des années 1930 aux Etats-Unis portés par le vent "mondialisationiste" se sont exportés en Inde, en Chine, au Pakistan etc. Et la pauvreté, hydre aux multiples voracités, continue à pousser chaque jour des millions de personnes vers un cruel destin.
Après les travaux forcés[4] et le code de l’indigénat du colonialisme qui ont accouché des routes et autres « effets positifs », il aura fallu attendre jusqu’en 1980 pour voir la Mauritanie[5] adopter une loi qui mit fin « officiellement » à l’esclavage, véritable « tradition » locale. Une décision tardive qui reflète en fait tout le malaise des pays africains face à l’exploitation des êtres humains. Sujet tabou, sujet délicat, la condition servile est dans de nombreuses sociétés africaines, une culture, une tradition, une attitude de droit ou de fait. Ainsi, l’esclavage n’est plus simplement le « commerce de l’homme par l’homme » mais un vestige des mœurs ancestrales qui résistent toujours au temps[6]. Trop souvent la tradition a justifié et légitimé cette pratique, excusant le laxisme voire le laisser-faire des responsables politiques qui sont restés longtemps sans réaction face à cette violation des principes humains (liberté et dignité). Durant des décennies, l’esclavage a continué à sévir dans certaines régions africaines à l’instar du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. Le Soudan déchiré par un conflit génocidaire est devenu un carrefour du commerce d’êtres humains où les esclaves sont majoritairement des femmes et des enfants. Une activité lucrative qui nourrit d’obscurs réseaux avec la complicité plus ou moins directe des Etats. Prostituées, ces esclaves vont nourrir le marché du sexe qui se délecte de ces produits de consommation d’un type bien particulier. A la tombée de la nuit, les ruelles africaines vomissent de jeunes machines qui, jusqu’au petit matin, donneront du plaisir aux notables, aux touristes, aux diplomates, à tous ceux qui pour quelques pièces voudront assouvir leur envie d’interdit. Cela sous l’œil vigilant du proxénète qui ira verser sa commission au commissaire de police. On les retrouvent aussi dans les domiciles de monsieur-tout-le-monde, employées de maisons au service de familles ayant sur ces esclaves un droit de quasi propriété. Sévices corporels, viols réguliers, le quotidien de ces êtres est un enfer où chaque instant est un supplice.

Quittant Lagos ou Cotonou pour les agglomérations urbaines de la sous-region, des milliers d’enfants vont finir dans les plantations en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou au Ghana. Arrachés à l’enfance, ils grandissent dans les mines d’or au Burkina Faso, leur production va enrichir les collections des marques de luxe, et brille autour du cou des plus grandes personnalités défilant sur les tapis rouges au crépitement des flashs. Que dire de ces adultes qui pour un salaire de misère risquent leur vie tous les jours dans ces mines de chrome du Zimbabwe, dans des conditions insoutenables. Et ces adolescents qui sans renumérotation aucune, sont forcés de s’éteindre lentement dans l’obscurité des gisements de diamant en République Démocratique du Congo. Ou de ceux-là à El Moqatam[7] en Egypte vivant du ramassage et du triage d’ordures. Quelques fois, ils se retrouvent enroulés de force dans des conflits armés à la solde des chefs de guerre, conflits dont ils ignorent les enjeux réels. Le plus important étant d’en faire de véritables monstres et de sadiques meurtriers[8]. C’est ainsi qu’en première ligne, ils se rendent souvent coupables des pires atrocités, ou tombent finalement sous le feu adversaire.





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Ludewic Mac Kwin De Davy


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