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L’esclavage conjugué au présent Printable Version PRINTABLE VERSION
by Ludewic Mac Kwin De Davy, France Feb 16, 2009
Culture , Human Rights , Peace & Conflict   Opinions

  


Le travail des enfants est un sujet problématique et complexe. Il n’est considéré comme « intolérable » que lorsqu’il se fait dans « situations dangereuses » ou « impliquant l’exploitation » selon la formulation du Bureau International du Travail[9]. Ainsi des enfants travaillant plus de 10 heures par jour dans des plantations en Tanzanie ou dans des « usines » à tapis en Inde, tous les jours de la semaine, sans salaires et maltraités, sont des enfants exploités qui devraient être protégés. Mais alors que penser d’un enfant qui vend en cette période de vacances scolaires ses bananes dans les rues de Douala pour pouvoir aider ses parents « miséreux » à lui payer l’école en septembre prochain ? Ce travail là serait-il condamnable ? La question demeure au cœur du débat entre abolitionnistes et non abolitionnistes. Pour les premiers, il faudrait abolir « complètement » le travail des enfants[10] au profit d’une plus grande scolarisation, comme cela a été le cas à la fin du XIXème siècle en occident. Pour les seconds, c’est une vision « utopique » qui ne tient pas compte des réalités du terrain, une sorte de dogme occidental décalé du vrai. C’est aussi la position des Ong locales et internationales comme Oxfam. Car il est vrai qu’empêcher un enfant de participer à la « survie » de sa « famille » donc à la sienne, serait absolument « contre-productif ». La meilleure manière de lutter efficacement contre ce travail des enfants, c’est de mettre fin à la pauvreté et de permettre par ricochet aux familles d’avoir le temps, l’argent d’envoyer leurs enfants à l’école. Même si l’on adopte des milliers de conventions pour la protection de l’enfant et que l’essentiel c’est-à-dire la lutte contre la pauvreté n’est pas réellement engagée, l’effet sera nul. Du coup, permettre aux enfants par des activités « supportables » et moins « dangereuses » d’aider leurs parents à leur garantir une scolarisation, est un moyen raisonnable de leur assurer le minimum.

L’esclavage ne se définit pas uniquement par l’asservissement presque animal de l’homme, il peut recouvrir une barbarie plus subtile, comme celle de la déshumanisation de l’être dans les entreprises où la politique du chiffre et le diktat du bénéfice autorisent tout, surtout l’indécent. Alors les sévices corporels deviennent psychologiques, la torture des esprits finit par provoquer des tentatives de suicide. Dans les sociétés occidentales, le monde du travail est cannibale. Il connaît des dérives dangereuses. Le stress permanent et la compétitivité à outrance ne sont que les expressions d’une certaine forme d’oppression de l’entreprise. Les employés ne sont que des moyens de production comme d’autres, de sorte de zombies qui mécaniquement sont programmés pour des taches bien précises. Avec la pauvreté des fins de mois et des budgets de plus en plus difficiles à tenir, les employés n’ont d’autre choix que d’adhérer massivement à ce « travailler plus pour gagner plus », cette invitation à plus de servitude pour un résultat discutable. Sous la menace des délocalisations massives, les employés sont obligés d’accepter des conditions esclavagistes, de renoncer au minimum social, leurs droits, pour tenter de sauver leur emploi et éloigner le spectre du chômage. Il y va de la survie de leurs familles et de l’avenir de leurs enfants.

En Asie, le commerce de l’être humain passe par les filières de prostitution dont l’un des buts reste de satisfaire les besoins du tourisme, comme c’est le cas en Thaïlande où l’on estime à près de 2 millions d’esclaves prostitués. Mais ce « business » de l’homme sert également à alimenter les ateliers de production et à servir les intérêts économiques. A l’instar de l’Afrique, les enfants et les femmes sont les premières victimes de ce système qui couvre l’ensemble de la région du Sud-Est asiatique. Les ateliers clandestins chinois et vietnamiens sont fournis en esclaves ramenés des îles du Pacifique pour fabriquer à moindre coût des produits destinés au marché occidental (nord américain et européen). Tandis qu’au Mexique, les réseaux mafieux contrôlent le commerce des êtres humains, utilisés dans le commerce de la drogue ou transférés aux Etats-Unis pour faire le bonheur des fermes agricoles. D’après Interpol, tous les continents seraient touchés par cet esclavage moderne, des Amériques à l’Europe, du monde arabe à l’Afrique sans oublier l’Asie, la traite des êtres humains affecterait la totalité des régions du monde. En Inde et au Pakistan, cet esclavage se traduit par une sorte de « servitude pour dettes » qui consiste à rembourser un prêt par un travail astreignant à la limite de la légalité. Quelques fois, il arrive que des personnes soient obligées de rembourser une dette exorbitante contractée auprès de passeurs pour entrer dans un pays illégalement, en travaillant dans des ateliers clandestins, comme c’est le cas en France et au Royaume Uni. De cette servitude pour dettes découle le travail forcé, assez répandu en occident, qui lui représente l’une des formes les plus violentes de l’esclavage moderne. Recrutés illégalement, ces travailleurs sont soumis à la menace de sévices ou de punitions. On y retrouve des « Etats », des « partis politiques », des « particuliers » qui par le recrutement illégal comme il a été dit précédemment, par exemple de « domestiques », encourageraient leur asservissement. Entre confiscations des papiers d’identité et les horaires de travail, normalement jugées inacceptables, sans congés et autres renumérotations, le travail forcé est l’un des cancers qui rongent les sociétés occidentales. Il n’y a pas si longtemps, l’Allemagne nazie bâtissait sa puissance sur le travail forcé de plus de 10 millions de personnes dont la majorité était des étrangers, prisonniers de guerre ou juifs. De même le Japon mit en esclavage près de 20 millions d’êtres humains, et l’Union soviétique élabora le vicieux système des Goulag. De nos jours, c’est la fameuse « reforme par le travail »[11] chinoise qui incarne le mieux cette dérive.







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Ludewic Mac Kwin De Davy


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