|
Alors comment mener le combat contre l’esclavage moderne ? Avec des millions de victimes chaque jour, sur tous les continents, la réponse est compliquée. D’abord, il faudrait que les Etats africains et arabes se décident, sans attendre la pression des Ong internationales, à mettre fin définitivement à cet esclavage qui se pratique sournoisement. Il serait judicieux que les législations s’arment contre ces formes d’exploitation et que les services sociaux puissent avoir les moyens de réinsérer dans la société les victimes. Aussi, que ce soit en Occident, aux Amériques ou en Asie, le démantèlement des circuits mafieux et la fin de l’impunité puissent être les priorités des Etats[12]. Pour ce qui est du travail des enfants, la consommation dite « citoyenne » alliant le boycott à l’exigence de « produits propres »[13] appuyé par des campagnes de sensibilisation, peut constituer une réponse intéressante. Même comme le boycott peut se révéler à double tranchant en ce sens que par crainte de voir chuter leurs bénéfices les entreprises responsables de ce trafic se débarrassent rapidement des enfants qui se tourneront faute de moyens de subsistances vers l’informel (des métiers plus difficiles donc plus dangereux) et la prostitution. Ainsi le boycott n’est efficace que s’il est associé à l’aide à la scolarisation et à la protection[14]. Le développement du commerce équitable est également un moyen de s’assurer de la « propreté » des produits, la garantie que les travailleurs sont suffisamment rémunérés et que l’on ne se perd par dans les méandres de la sous-traitance. D’une part, l’action d’Interpol dans la lutte contre la pornographie infantile démontre que, en tant qu’organisation internationale de répression de crimes, elle peut contribuer à mettre hors-jeu les pires prédateurs sexuels (Vico etc.). Elle fait le pari qu’en « tapant » sur la « demande » forcement cela fera diminuer l’ « offre ». Une stratégie intelligente qui avec des actions d’éclat porte un coup à ce commerce.
En somme, des solutions existent mais tout dépend de la volonté politique. Lorsque les dépenses militaires ou les conquêtes de l’espace engloutissent des centaines de milliards d’euro chaque année et que le dixième de ces dépenses pourrait mettre fin à certaines situations plus urgentes, l’on se dit que l’on vit sûrement sur la même planète mais pas dans le même monde. En attendant donc le « miraculeux réveil » de la communauté internationale, l’esclavage continue à se conjuguer au présent.
--------------------------------------------------------------------------------
[1] "Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes"
[2] "Supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n’y recourir sous aucune forme"
[3] Selon Maurice Lengellé-Tardy dans "L’esclavage moderne", il y aurait « aujourd’hui 200 à 250 millions d’esclaves adultes à travers le monde auxquels s’ajouteraient 250 à 300 millions d’enfants de 5 à 14 ans au travail ».
[4] « Le travail forcé constituait exactement les mêmes conditions pour les africains que dans les plantations : surexploitation, punitions corporelles, statut d’infériorité, répressions violentes, massacres. » - Source Wikipedia.
[5] L’on estimait qu’en 1994, 11 millions d’habitants, soit 45 % de la population, sont esclaves – selon AntiSlavery International.
[6] Ce n’est qu’en 1962 que l’Arabie Saoudite interdit l’esclavage.
[7] « Ainsi, ce sont près de 350 000 personnes, coptes pour la plupart, qui vivent du ramassage et du tri des ordures. Parmi eux, on compte 180 000 enfants. Le quartier croule sous les ordures. Les "Zabaleen du Caire ” vivent de la collecte et du recyclage des poubelles de la cité. Partout dans les ruelles sombres de la colline, une odeur lourde et âcre prend à la gorge et persiste. Les rues sont noires. Les toits ploient sous les tonnes d’ordures rapportées de la mégapole. Les rez-de-chaussée de chaque immeuble sont transformés en dépotoirs qui débordent de détritus que trient à mains nues les femmes et les enfants. » - Source Unicef.
[8] « Actuellement, il y aurait environ 300 000 enfants soldats dans le monde, impliqués dans une trentaine de conflits ; un tiers d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne et dans les conflits réguliers en République démocratique du Congo, en Colombie (où entre 11 et 14 000 enfants feraient partie des forces paramilitaires) et au Myanmar (où 20 % de l’armée serait composée de mineurs » - Source Human Rights Watch.
[9] Selon le Bureau international du travail (BIT), 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans travailleraient actuellement dans le monde, dont 50 à 60 millions dans des conditions dangereuses.
[10] Sur les 250 millions d’enfants qui travaillent – pour la moitié d’entre eux à temps plein –, 61 % vivent en Asie (dont un million dans le commerce du sexe), 32 % en Afrique et près de 7 % en Amérique latine. Deux millions de jeunes sont aussi concernés en Europe, notamment en Italie, en Allemagne, au Portugal et au Royaume-Uni. D’après le Sunday Telegraph, des centaines d’enfants arrivent chaque année en Grande-Bretagne pour travailler dans les restaurants, les ateliers textiles ou pour se prostituer.
|
Tags
You must be logged in to add tags.
Writer Profile
Ludewic Mac Kwin De Davy
This user has not written anything in his panorama profile yet.
|
Comments
You must be a TakingITGlobal member to post a comment. Sign up for free or login.
|
|