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A LA DECOUVERTE D’UNE TECHNIQUE SCULPTURALE : LE JALA’A
Un homme chéchia juché sur la tête, vêtu de quasi-haillons, barbe blanchie trahissant un âge de sagesse fonce dans les décharges des pays où il est invité et ramasse tous les matériaux usés qui lui tombent sous la main.
Cet homme c’est Joseph-Francis SUMEGNE, sculpteur, peintre et dessinateur camerounais. Spécialiste de la sculpture avec les matériaux de récupération, il est parfois confondu à un homme qui a perdu le nord. Pourtant, l’homme néglige modestement son paraître pour laisser émerger de ses mains magiques les effluves des statues qui annoncent l’Afrique de demain.
Négligé, on peut bien le penser. Cependant, l’accoutrement de Joseph Francis SUMEGNE correspond fort bien à un dessein et à l’idéologie de la technique appliquée pour édifier la nouvelle Afrique : le JALA’A.
Le JALA’A, nous dit SUMEGNE, est un mot issu de la langue bamendjou ( une des langues vernaculaires de l’ouest-Cameroun). Il signifie le sur-soi. Joseph Francis ajoute en disant simplement que : « Quand tu atteins ce degré de sur-soi, tu peux marquer ton existence et ton passage sur terre. C’est la clé qui balise mon univers artistique. Techniquement, le jalaa signifie la finition du volume. Quand je parle de jalaa au niveau technique, on comprend très vite qu’entre les mots et la réalisation il n’y a peut être pas une relation directe. Mais cela prend vraiment sa place quand on prend le concept philosophique et celui de l’universel »
Concrétisant ses désirs, ses peines, ses passions, ses indignations, ses rêves grâce à ses oeuvres, SUMEGNE utilise la technique du JALA’A dont il est précurseur pour manifester et magnifier le dépassement de soi. Dépassement de soi qui se lit d’ailleurs dans sa manière de se vêtir pour travailler, dans sa manière singulière de gérer les objets de récupération (tout ce qui est vieux et usé ; caoutchouc, capote, vielles sandales, sachets, …) et surtout dépassement dans sa hargne de vouloir à la manière de SARTRE qui sublime le trauma de ses personnages, le calvaire de l’Afrique.
Son objectif à travers la technique du JALA’A est donc de transgresser comme Georges BATAILLE qui fait une écriture de la transgression, les règles de la plastique traditionnelle consacrée au bois, à la pierre, ou à la toile. Ainsi, veut-il montrer qu’à travers ses peintures, ses sculptures, ou son langage non articulé, inexprimable qui arrive à se dire tant bien que mal, il y a un message qui interpelle nos âmes, ce qu’il y a de plus secret en nous et qu’on appréhende souvent mal, à mieux se mûrir.
Dans de nombreux pays où il a voyagé, les consciences restent pantoises face à la manière aussi modeste soit-elle avec laquelle l’homme transforme et « donne vie » au déchets.
Artiste, Joseph Francis l’est jusques y compris dans la peau. Lors de ses réalisations en plein air, ou pendant les ateliers de création, il répond volontiers par un humour caustique aux questions d’un publique parfois ahuri par la hideur et l’alchimie du matériau, mais tout aussi ému et subjugué par le tour de main magique du technicien du JALA’A.
Avec cette technique et l’alchimie de ses œuvres, Joseph Francis SUMEGNE arrive à créer une bonne formule qui nous extirpe de la quête fébrile de l’ailleurs et soulage nos sens le temps d’une bonne expression artistique sentie. Pour cela, il est donc nécessaire de croire que l’Afrique doit conjuguer avec catégorie d’artistes autodidactes hors pairs pour se dé moisir.
Ainsi, dirons-nous que le sens langagier de ces sculptures ne peut être référé qu’à l’existence humaine. Et notre part est dons d’extraire, à la manière de Tvetan TODOROV« la littérarité » de ces œuvres pour ainsi saisir le sens profond du JALA’A et de façonner par la suite la nouvelle afrique.
Vivement que cette technique : le JALA’A réveille les conscience africaine et nous rappelle de manière formelle comme de LAVOISIER que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».
QUELQUES ŒUVRES MAJEURS DE L’ARTISTE :
Ø " La nouvelle liberté " dans le carrefour Deido à Douala
Ø L’œil de neige à Hambourg en Allemagne
Ø La perle bantoue à Libreville au Gabon
Ø Le chanteur de blues 2001
Ø Les notables
Lire une interview de Joseph Francis SUMEGNE sur http://www.afrik.com/article7284.html
En savoir plus sur les œuvres réalisées par cet artiste-peintre-sculpteur.
Ø http://www.universes-in-universe.de/specials/africa-remix/sumegne/english2.htm
Ø http://www.universes-in-universe.de/specials/africa-remix/sumegne/english.htm
Ø http://artactif.fr/indexS/sumegne.htm
Par Désiré Clitandre DZONTEU, Chargé des projets et des programmes de jvfgabon, www.jvfgabon.org
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Writer Profile
Desire--Clitand
Je suis étudiant en 4ième année de littératures africaines à l'Université Omar Bongo de Libreville, au Gabon. Je fais partie du bureau élu des Jeunes Volontaires Francophones du Gabon (JVF-Gabon) où j'occupe les fonctions de chargé des projets et des programmes. Le site web est: www.jvfgabon.org . Je suis par la même occasion vice–président du CRELAF (Cercle de réflexion des étudiants en littératures africaines et francophones) www.crelaf.tigblog.org/. Structure de l’Université, précisément du département des Littératures Africaines. A travers ce canal, nous avons pour dessein de vulgariser la littérature africaine et francophone, mais aussi de montrer tout le potentiel esthétique qui est le leur. Potentiel bien évidemment illustrer par les œuvres d’AHMADOU KOUROUMA ou de Sony LABOU TANSI par exemple.
Toutefois, mon plus grand souhait et souci est de faire quelque chose pour sortir le continent africain de la misère et des drames qui l'assaillent depuis des décennies. C’est pour cette raison en effet que j’aime beaucoup écrire pour traduire ce que je ressens, c’est-a-dire mes passions, mes envies et pour sublimer mes besoins, mes haines, mes peines, mes désespoirs, mais aussi pour donner mes idées à ceux qui en ont besoin, ou pour égayer simplement des personnes en détresse. Dans le quotidien je suis grand lecteur d’Ahmadou KOUROUMA, de Sony LABOU TANSY et de STHENDAL. Ce sont trois auteurs dont l’œuvre est une symphonie me rappelant sans cesse le devoir de droiture et le respect total d’autrui. Mon aventure avec la littérature commence au cours moyen où je fus champion des affabulations. J’écrivais tellement des rédactions drôles et attrayantes, ce qui me valait d’être copier par les absents qui s’en inspiraient pour produire leurs propres textes. Cela m’a poussé à aimer la littérature et l’écriture, à me sentir intéressant. C’est pourquoi je suis en train de terminer la rédaction d’un recueil de nouvelles. Mais ce qui me bloquera ce n’est qu’un éditeur. Car je suis encore sous les tropiques où tout est politisé et subjectif.
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