by Desire--clitandre dzonteu
Published on: Sep 24, 2005
Topic:
Type: Opinions

A LA DECOUVERTE D’UNE TECHNIQUE SCULPTURALE : LE JALA’A


Un homme chéchia juché sur la tête, vêtu de quasi-haillons, barbe blanchie trahissant un âge de sagesse fonce dans les décharges des pays où il est invité et ramasse tous les matériaux usés qui lui tombent sous la main.

Cet homme c’est Joseph-Francis SUMEGNE, sculpteur, peintre et dessinateur camerounais. Spécialiste de la sculpture avec les matériaux de récupération, il est parfois confondu à un homme qui a perdu le nord. Pourtant, l’homme néglige modestement son paraître pour laisser émerger de ses mains magiques les effluves des statues qui annoncent l’Afrique de demain.

Négligé, on peut bien le penser. Cependant, l’accoutrement de Joseph Francis SUMEGNE correspond fort bien à un dessein et à l’idéologie de la technique appliquée pour édifier la nouvelle Afrique : le JALA’A.

Le JALA’A, nous dit SUMEGNE, est un mot issu de la langue bamendjou ( une des langues vernaculaires de l’ouest-Cameroun). Il signifie le sur-soi. Joseph Francis ajoute en disant simplement que : « Quand tu atteins ce degré de sur-soi, tu peux marquer ton existence et ton passage sur terre. C’est la clé qui balise mon univers artistique. Techniquement, le jalaa signifie la finition du volume. Quand je parle de jalaa au niveau technique, on comprend très vite qu’entre les mots et la réalisation il n’y a peut être pas une relation directe. Mais cela prend vraiment sa place quand on prend le concept philosophique et celui de l’universel »

Concrétisant ses désirs, ses peines, ses passions, ses indignations, ses rêves grâce à ses oeuvres, SUMEGNE utilise la technique du JALA’A dont il est précurseur pour manifester et magnifier le dépassement de soi. Dépassement de soi qui se lit d’ailleurs dans sa manière de se vêtir pour travailler, dans sa manière singulière de gérer les objets de récupération (tout ce qui est vieux et usé ; caoutchouc, capote, vielles sandales, sachets, …) et surtout dépassement dans sa hargne de vouloir à la manière de SARTRE qui sublime le trauma de ses personnages, le calvaire de l’Afrique.

Son objectif à travers la technique du JALA’A est donc de transgresser comme Georges BATAILLE qui fait une écriture de la transgression, les règles de la plastique traditionnelle consacrée au bois, à la pierre, ou à la toile. Ainsi, veut-il montrer qu’à travers ses peintures, ses sculptures, ou son langage non articulé, inexprimable qui arrive à se dire tant bien que mal, il y a un message qui interpelle nos âmes, ce qu’il y a de plus secret en nous et qu’on appréhende souvent mal, à mieux se mûrir.

Dans de nombreux pays où il a voyagé, les consciences restent pantoises face à la manière aussi modeste soit-elle avec laquelle l’homme transforme et « donne vie » au déchets.

Artiste, Joseph Francis l’est jusques y compris dans la peau. Lors de ses réalisations en plein air, ou pendant les ateliers de création, il répond volontiers par un humour caustique aux questions d’un publique parfois ahuri par la hideur et l’alchimie du matériau, mais tout aussi ému et subjugué par le tour de main magique du technicien du JALA’A.

Avec cette technique et l’alchimie de ses œuvres, Joseph Francis SUMEGNE arrive à créer une bonne formule qui nous extirpe de la quête fébrile de l’ailleurs et soulage nos sens le temps d’une bonne expression artistique sentie. Pour cela, il est donc nécessaire de croire que l’Afrique doit conjuguer avec catégorie d’artistes autodidactes hors pairs pour se dé moisir.

Ainsi, dirons-nous que le sens langagier de ces sculptures ne peut être référé qu’à l’existence humaine. Et notre part est dons d’extraire, à la manière de Tvetan TODOROV« la littérarité » de ces œuvres pour ainsi saisir le sens profond du JALA’A et de façonner par la suite la nouvelle afrique.

Vivement que cette technique : le JALA’A réveille les conscience africaine et nous rappelle de manière formelle comme de LAVOISIER que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

QUELQUES ŒUVRES MAJEURS DE L’ARTISTE :

Ø " La nouvelle liberté " dans le carrefour Deido à Douala
Ø L’œil de neige à Hambourg en Allemagne
Ø La perle bantoue à Libreville au Gabon
Ø Le chanteur de blues 2001
Ø Les notables

Lire une interview de Joseph Francis SUMEGNE sur http://www.afrik.com/article7284.html

En savoir plus sur les œuvres réalisées par cet artiste-peintre-sculpteur.

Ø http://www.universes-in-universe.de/specials/africa-remix/sumegne/english2.htm
Ø http://www.universes-in-universe.de/specials/africa-remix/sumegne/english.htm
Ø http://artactif.fr/indexS/sumegne.htm

Par Désiré Clitandre DZONTEU, Chargé des projets et des programmes de jvfgabon, www.jvfgabon.org


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