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Il va de soi que cette solution (qui n’est en fait qu’un moyen) ne saurait constituer la finalité des politiques africaines de lutte contre la famine, car il faudrait une réforme structurelle et institutionnelle profonde pour parvenir à une véritable sécurité alimentaire, c’est-à-dire l’accessibilité pour chaque individu et à n’importe quel moment, à une nourriture quantitativement et qualitativement suffisante pour mener une vie saine et active, selon la formulation de Pierre-Jean Rocca de l’IFAID – Aquitaine. Et cette ambition nécessite la disponibilité de fonds financiers pour faciliter la distribution de la production alimentaire, de la stabilité politique pour créer et maintenir ces circuits de distribution, mais plus fondamentalement la capacité économique des populations à accéder convenablement et aisément à cette nourriture. Quand l’on voit les massacres et les tueries des conflits armés qui ravagent l’Afrique subsaharienne, la complexité de ces situations de guerre permanentes sur fond de disputes géostratégiques et énergétiques, sans oublier l’opacité dans la gestion des économies nationales, il est difficile d’être optimiste. Mais, si, à un niveau plus individuel, chaque Africain pouvait s’interroger sur l’efficacité des techniques traditionnelles liées aux activités agro-pastorales, et adopter ces technologies, propres et abordables, qui ont permis à d’autres peuples de palier le déficit des conditions naturelles favorables, la famine peut être vaincue avec l’irrigation des terres inexploitées, l’approvisionnement des marchés locaux en légumes, tubercules et autres produits agricoles.
De la noria[7] au sakia en passant par la roue perse[8] ou la pompe à vent[9], toutes ces méthodes devraient permettre au paysan africain de soulager la rudesse de la sécheresse ou d’exploiter intelligemment les « ruisseaux » et les « rivières » qui existent en zone tropicale. Ce qui équivaudrait à une autonomisation du fermier africain face aux « pénuries alimentaires » actuelles. En attendant que se concrétisent des volontés politiques louables, mais encore loin d’être réalisables, il suffit désormais que les Africains pensent utilement et aient des idées contre la fatalité.
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[1] Vincent Kitio est architecte camerounais et expert en énergie renouvelable et en technologies appropriées pour le développement durable. Il travaille au siège de l’organisation onusienne sur l’habitat, UN-HABITAT, à Nairobi, en qualité de conseiller en énergie.
[2] « Les Romains comptaient sur les systèmes d’irrigation pour assurer la sécurité alimentaire dans l’empire. Des architectes et ingénieurs romains ont élaboré différentes techniques, tel que le décrit Vitruvius en 01 avant J.-C. dans ses Dix Livres sur l’architecture, afin d’appuyer leur agriculture. Certains de ces systèmes d’irrigation ont survécu jusqu’à ce jour. » - source Vincent Kitio
[3] « Il y a plusieurs années, une agriculture dépendant de la pluviométrie ne constituait pas un handicap en Afrique, puisque des communautés entières pouvaient migrer des zones frappées par la sécheresse vers des pâtures plus vertes. Tel n’est plus le cas faute de terres disponibles. » - source Vincent Kitio.
[4] « On estime qu’une roue perse peut irriguer jusqu’à un hectare de terres. » - source Vincent Kitio.
[5] « Les norias trouvées en Espagne furent introduites pendant la domination musulmane, avec deux ensembles de seaux de chaque côté de leurs jantes. D’autres ont deux roues sur le même arbre, permettant au système d’augmenter la quantité d’eau puisée. Des prêtres espagnols introduisirent les norias en Mexique au cours de la période coloniale. Certains d’entre eux sont toujours en activité dans les fermes situées dans la partie Nord du pays. » - source Vincent Kitio.
[6] « Selon la Station égyptienne de recherche et d’expérimentation hydraulique, plus de 300 000 sakias sont en utilisation dans la vallée et le delta du Nil, surtout conduits par des animaux. Un sakia de 5 m de diamètre peut puiser 36 m3 d’eau par heure. » - Vincent Kitio.
[7] « Certains fermiers à Hama utilisent la noria dans l’agriculture urbaine. Et occasionnellement, lorsque la circulation de l’eau ne suffit pas pour faire tourner la roue hydraulique, on a besoin jusqu’à cinq pompes à moteur pour soulever l’eau vers l’aqueduc. Cette technologie aussi vieille que le monde convient bien au mode de vie rural en Afrique, surtout avec la montée du prix du carburant qui est déjà en train d’avoir un impact négatif sur la croissance économique. » - Vincent Kitio.
[8] « Dans la région entre l’Inde et le Pakistan, les roues perses, connues comme des Rahat à Urdu, sont des instruments traditionnels utilisés pour l’irrigation. Avant leur introduction dans la région, l’irrigation était une activité très ennuyeuse et inefficace, comme elle le reste aujourd’hui dans les zones rurales africaines où les gens doivent marcher sur de longues distances pour chercher de l’eau. L’introduction de cette technologie a amélioré la productivité agricole de façon sensible en Inde au Moyen Âge. » - source Vincent Kitio.
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Ludewic Mac Kwin De Davy
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