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L’un des effets pervers d’une telle situation, c’est le refus désormais des populations locales[15] de se faire vacciner craignant une manipulation cynique des centres sanitaires, comme au nord du Nigeria où les campagnes de vaccination sont un dangereux échec. De tout temps abusés, les Africains se tournent de plus en plus vers la médecine traditionnelle[16] qui a le mérite de puiser dans la nature les richesses longtemps ignorées par l’homme. Nombreux sont les gouvernements sur le continent qui donnent aux « tradi-praticiens » une reconnaissance claire, des licences, leur permettant d’exercer dans la légalité. Le retour aux sources, c’est là sans doute l’unique conséquence positive de cette mafia proprement scandaleuse.
Les guerres et autres conflits armés alimentés par l’extérieur ne suffisent plus pour satisfaire l’Occident, il faut désormais que les trafics d’ossements, d’organes humains, la vente de médicaments périmés, les déversements de déchets industriels et nucléaires, l’importation de la viande infectée, du poulet à la dioxine et des découpes impropres à la consommation loin de répondre aux normales « minimales » internationales, puissent achever le petit nombre d’êtres humains qui parviennent encore à survivre en Afrique. Une Afrique devenue au fil du temps le dépotoir du monde « civilisé ». Il ne faudrait pas croire que l’on soit radicalement opposé aux essais cliniques, si cela est fait dans la transparence, dans la connaissance, respectant les normes internationales et la dignité des patients, ce serait intéressant compte tenu de la nature propre des pathologies en Afrique. Mais quand l’on sait que sur « 1 450 nouveaux médicaments commercialisés entre 1972 et 1997, seuls 13 concernent les maladies tropicales », la pertinence même des essais cliniques pratiqués en Afrique est balayée d’un revers de la main. Car, au fond, le seul maître du jeu demeure l’industrie pharmaceutique[17]. L’intérêt scientifique s’opposant trop souvent à l’ambition commerciale. Les enjeux industriels du médicament se trouvent confortés par la pauvreté des pays du Sud, une relation verticale qui fausse les rapports de force et accentue les clivages. Au cours de la précédente décennie, on estimait à près de 400 milliards d’euros le chiffre d’affaires mondial de l’industrie pharmaceutiques alors que celui des pays d’Afrique subsaharienne atteignait à peine les 300 milliards d’euros.
La vie de l’Africain est une matière première comme une autre, exploitable. La situation particulière du continent autorise les grands groupes prédateurs à se livrer à toutes les inhumanités. Une vie si banale et sans avenir peut servir des intérêts infiniment plus intéressants. Le Nord étant vieillissant et malade, le Sud pauvre, mendiant et « politiquement irresponsable », le lien est vite établi. Et ils sont nombreux à le penser aujourd’hui, que la panacée occidentale passe impérativement par la déshumanisation du cobaye africain.
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[1] « Un groupe de 400 prostituées séronégatives officiellement volontaires afin qu’elles aient des rapports non protégés afin de tester un vaccin préventifs de leur cru nommé VIREAD. »
[2] Soutenue par l’association Act Up Paris.
[3] « Sida, Cobayes et polémiques au Cameroun » - article de Siewe Alex.
[4] « Interrogé le 7 mai 2004, le professeur camerounais Anderson Sama Doh, coresponsable scientifique du projet, répond qu’en cas d’infection les patients seraient orientés vers les programmes publics de traitements existants et à leurs frais. Ce que confirment les documents publiés par le FHI. » - Source Siewe Alex.
[5] « La Déclaration d’Helsinki de 1964 qui énonce les principes élémentaires pour la tenue de recherches médicales sur des sujets humains ».
[6] « Cobayes humains » - Livre de Sonia Sha.
[7] « Les Directives internationales sur le VIH/sida et les droits de la personne ».
[8] « Les Codes d’Helsinki en 1964 et de Manille en 1981 : la première définit les principes éthiques de la recherche médicale ; la seconde a plus spécialement été conçue pour les études cliniques menées dans les pays en voie de développement. »
[9] Le Code de Nuremberg, adopté à la suite du procès de médecins nazis en 1947.
[10] « Il y a quelques années, des anthropologues ont voulu vérifier si le consentement était bel et bien "libre et éclairé". Ils ont remis des questionnaires à des participants à des essais cliniques. Dans certains cas, jusqu’à 80 % des personnes interrogées ignoraient qu’elles étaient libres d’abandonner un essai clinique » - Source The New England Journal of Medecine.
[11] « Pfizer était intervenue alors que le Nigeria connaissait la plus terrible épidémie de méningite de son histoire, qui avait fait près de 16 000 morts. » - Source Saïd Aït-Hatrit
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Ludewic Mac Kwin De Davy
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