by Mouyaga Lilian Gervil
Published on: Mar 11, 2006
Topic:
Type: Opinions

D’ici à 2015, les objectifs du Millénaires prévoient de réduire de moitié le pourcentage de la population mondiale privée d’eau potable.

Pour y parvenir, deux défis sont à relever : prévenir l’épuisement et la pollution des ressources en eau de la planète, et garantir à tous les hommes l’accès à une eau saine.
Ressource indispensable à la souveraineté alimentaire, l’accès à l’eau est la condition principale pour garantir l'alimentation, la santé et... le développement de l'agriculture!

Les maladies liées au manque d’eau saine sont responsables de plusieurs millions de morts chaque année, dont de nombreux enfants.
La demande mondiale en eau explose : elle a été multipliée par 6 au cours du 20ème siècle. L’agriculture est l’activité la plus consommatrice d’eau, alors que les habitants des zones rurales pauvres subissent des pénuries.
Des ressources sont sur exploitées.
Les ménages utilisent environ 10% de l’eau consommée chaque année. La pression démographique et la généralisation du style de vie occidental ne font qu’accroître la demande.
Un Européen consomme entre 300 et 400 litres d’eau par jour, alors même que l’Oms évalue la quantité suffisante à 40 l. par jour et par personne.

La part de l’industrie dans la consommation globale d’eau est d’environ 20%. Certains procédés, comme ceux de l’industrie du papier ou de la séparation des matériaux, requièrent de l’eau en quantité.

Une usine fabriquant des composants électroniques peut consommer 18 millions de litres par jour, soit autant qu’une ville de 60 000 habitants en un an.

C’est l’agriculture qui nécessite le plus d’eau : approximativement 70% de la consommation annuelle. L’agriculture irriguée, intensive, a conduit à la multiplication des grands barrages et au pompage des nappes souterraines.
La construction de nombreux grands barrages s’est faite sans consulter les populations concernées. Certaines ont du quitter leur habitat (1.9 millions de personnes déplacées pour la mise en eau du barrage des Trois-Gorges en Chine) tandis que d’autres, en aval, se voient privées d’eau (les Irakiens subissent ainsi les conséquences du barrage construit par les Turcs sur l’Euphrate).
A cette surexploitation de l'or bleu s'ajoute la mauvaise répartition.
En effet, l’accès à l’eau des citadins des grandes villes du Sud nécessitent de lourds investissements, confiés à des entreprises privées. Mais elles ont tendance à privilégier les régions et les clients rentables au détriment des populations pauvres.Et c'est là que le bas blesse!

L’eau recouvre 71% de la surface du globe mais 97% de cette eau est salée. Une grande partie de l’eau douce constituant les glaces et les eaux souterraines très profondes, les hommes ne peuvent disposer que de 1% du total de cette eau, soit 400 000 km3. Or, l’eau n’est pas inépuisable et sa pureté est mise à rude épreuve.

Notre consommation annuelle d’eau atteint 4 400 km3, alors que 200 km3 ne peuvent pas être remplacés naturellement par le cycle de l’eau. Cette surexploitation a un impact sur le niveau des nappes aquifères et des puits et crée des situations pénuries.
La question est donc de savoir comment gagner la bataille de l’eau pour tous?Le manque d’eau n’est pas une fatalité liée à la géographie : les plus défavorisés n’ont pas les moyens politiques et économiques d’exiger l’accès à une eau potable saine. Si l’eau devait devenir un luxe, ils seraient les grands perdants de la bataille pour l’or bleu.

• Préserver l’eau d’aujourd’hui et de demain implique des décisions politiques, des solutions techniques et une révolution culturelle.
L’agriculture doit combattre le gaspillage. Seule une faible quantité de l’eau irriguée sert efficacement aux cultures, le reste s’évapore ou ne parvient pas jusqu’aux plantes. Les techniques d’irrigation d’une agriculture responsable permettraient de remédier à ce gâchis.

Des réglementations étatiques pourraient contraindre l’industrie à choisir des procédés moins polluants.

Une prise de conscience individuelle est nécessaire : l’eau n’est pas inépuisable, il faut la protéger.

• Financement de l’eau pour tous : sortir du duel privé-public
Il existe des modèles de gestion des réseaux de distribution et d’assainissement et de l’eau pour les citadins qui reposent sur un partenariat entre le public, le privé et les usagers, les obligations de service public et la gestion participative.
Cette « privatisation sociale » est une des solutions pour garantir un accès équitable à l’eau potable.

• Pour une gestion durable de l’eau
Un accès durable à une eau de qualité passe par la participation des populations concernées :
- consultation et implication lors de la création d’un barrage ou lors de la fixation du prix de l’eau.
- formation à la gestion des ressources en eau, aux règles sanitaires de base et au respect de l’environnement.
L’eau, abondante et de qualité, est une composante essentielle du développement durable. Elle est donc au cœur de nombreux projets des politiques, notamment pour ce qui est des zones rurales pauvres.

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