by Desire--clitandre dzonteu
Published on: Nov 1, 2005
Topic:
Type: Opinions

Difficile question que celle de savoir où poursuivre ses études après le baccalauréat en Afrique. Question apparemment anodine, elle révèle là en filigrane le malaise des universités africaines et le calvaire des étudiants africains après l’obtention du bac.

En effet, la grande majorité des pays tropicaux ou subsaharien ont des universités dont les capacités sont dépassées depuis des décennies.

Dès lors, les coûts d’inscription sont à chaque fois revus à la hausse. Cette donne ne facilitant pas les choses à ceux qui aspirent faire des études supérieures, on voit les jeunes abandonner la formation faute de moyens. Car, si s’inscrire dans une université publique africaine constitue un calvaire, se procurer les livres et les fournitures nécessaires à une véritable formation constitue plus qu’un calvaire.

Pour ceux qui parviennent à s’inscrire, très peu en général arrive souvent en cycle doctorat. Les conditions de diffusion du savoir dans les amphithéâtres des universités au sud du Sahara sont au delà du pensable. Comment comprendre que dans un amphi de 1000 places, les étudiants se retrouvent parfois à 2500 voire 3000 ? De tels exemples peuvent se multiplier sur les campus africains. Est-il possible qu’un étudiant s’en sorte dans de telles conditions ?

Très peu arrivent d’ailleurs à comprendre ce que dit l’enseignant. Les sonorisations pour l’essentiel sont défectueuses, ou bien elles n’ont pas été installées pendant l’édification des amphis. A partir de là, les étudiants doivent se battre pour acheter les cours sous forme de fascicules que mettent finalement à leur disposition leurs enseignants et ce, pas à moindre prix.

En outre, si la bourse n’est pas dérisoire et arrive le plus souvent avec des mois voire des années de retard (comme c’est le cas en RCA), elle n’existe purement pas. C’est le cas du Cameroun où la bourse de quelques CFA est versée à ceux qu’on pourrait qualifier de nec plus ultra des étudiants au détriment de la plus grande population estudiantine qui n’est pas moins méritant.

Dans le même sillage, les dysfonctionnements de tout ordre ( paiement de bourses en retard, non fonctionnement des restos universitaires, mauvaises conditions de travail, désaveux des profs etc.) émaillent le bon déroulement de la diffusion du savoir dans les universités africaines. Que ce soit au Sénégal comme au Cameroun ou au Gabon, les réalités sont les mêmes. Sur les 25 semaines de cours requis par l’UNESCO pour affirmer avoir bouclé une année académique, très peu d’universités sous les tropiques les accomplissent faute aux grèves sans cesse répétitives. C’est un cas patent en ce qui concerne le Gabon.

Dès lors, il apparaît que faire ses humanités sur le continent africain devienne un véritable parcours de combattant.

Bien que le problème de moyens financiers se pose avec acuité et reste l’obstacle fondamental pour les étudiants africains désireux d’accéder à un cursus supérieur, cette donne ne décourage pas les particuliers qui investissent dans la création d’universités privées. Ceci dans l’optique d’améliorer la qualité de la formation sur le continent. Mais elles ne sont pas de toutes reproches. Car les coûts d’accès éliminent d’avance les trois quarts de la population estudiantine constituée d’enfants de pauvres.

C’est en cela que ces universités accueillent en grande partie les enfants des hauts fonctionnaires, conscients des lacunes des universités publiques dont-ils ont la charge.

Il s’ensuit alors que l’enlisement des universités africaines dans une sorte de régression qui ne dit pas son nom n’est que le fait de quelques dirigeants véreux qui dilapident les milliards pour des campagnes politiques sans importance, tout en envoyant leurs enfants dans les plus prestigieuses universités du monde afin de les préparer à assurer leur relève et à prendre leur place . De la sorte, le cercle vicieux continuera et les pauvres demeureront éternellement pauvres. Ainsi va la vie des étudiants africains sous les campus de tropiques.





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