by Desire--clitandre dzonteu | |
Published on: Jul 18, 2005 | |
Topic: | |
Type: Interviews | |
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Cet après-midi, nous recevons les membres du Groupe de rap gabonais COMUNAUTE BLACK, conduit par leur leader Poithy LIEVAIN dit Phoenix. A cette occasion, ils nous entretiennent sur un certain nombres de points afin que nous puissions mieux les connaître ainsi que leurs activités musicales. Désiré-Clitandre Dzonteu : D’où vous vient le nom du groupe Communauté Black ? Communauté Black : Il faut dire que le nom du groupe naît après une longue réflexion interne entre les membres du groupe. Ce nom a été donné au groupe dans le souci perpétuel de suivre l’œuvre des grands Leaders africains comme Nkrumah, mais surtout de monter et de représenter la culture noire à travers une image unitaire et communautaire. Désiré-Clitandre Dzonteu : Alors comment êtes-vous arrivés à la musique ? La rencontre des membres ? Communauté Black : Nous avons en effet commencé comme danseurs, nous venions de différents horizons. Bung PINZ arrivait de Ndendé, BHAWULUU de Libreville, PHOENIX, MATHASS, FHARIX et DHISSUNGGY étaient eux basés à Tchibanga. Après la danse, nous avons découvert que nous avions du potentiel et que nous pouvions mieux l’exprimer par la chanson en particulier le rap. C’est ainsi que le groupe fut formé et Mathass et Phoenix assurent la partie rap des chansons. Désiré-Clitandre Dzonteu : A partir de là , depuis combien de temps existe le groupe ? Communauté Black : Le groupe Communauté Black existe depuis l’année 1993 au sud du Gabon, plus précisément à Tchibanga. Mais après, nous avons voulu changer d’univers. D’ou le titre de notre premier single « Nouvel Univers » D-C.D.: Peut-on savoir combien vous êtes dans ce groupe? C.B.: Le groupe était au départ constitué de six membres, parmi les quels FHARIX, MATHASS, BHAWULUU, PHOENIX, BUNG-PINZ et DHISSUNGGY, qui nous a quitté le 01-01-05 à la suite d’une noyade à la Pointe St Denis , lors d’une excursion en ces lieux qui devaient abriter le tournage du nouveau clip de la chanson intitulée « Babylone ». D-C.D.: On constate que dans vos chansons, il y a un mélange de rap et de rythmes locaux. Mais dans quelle catégorie classez-vous finalement votre musique ? C.B.: Le groupe se range en principe dans le hip hop, musique urbaine. Cependant, nous avons jugés utile d’incorporer dans nos chansons du rythme traditionnel . C’est-à-dire qu’on a une addition de rythmes tels Ikoku, le Bilombo qui sont des musiques du sud du Gabon. Nous y avons aussi incorporés bien de sonorités des autres régions gabonaises et même africaines. D-C.D.: Quelles sont vos sources d’inspiration ? C.B.: Comme sources d’inspiration, nous puisons dans le vaste patrimoine qu’est l’Afrique et ses Traditions. Mais avant tout, c’est le vécu , les choses de tous les jours, les maux qui gauchissent la société qui nous servent pour produire nos œuvres. On lit alors les rapports qui se traduisent par la stratification de la société et on essaie de les traduire dans notre musique. D-C.D.: Combien d’albums avez-vous à votre actif ? C.B.: Le groupe a à son actif un single « NOUVEL UNIVERS » , un album « PANAFRICANISME » et un prochain album qui sort bientôt dans les bacs. Ce sera un hommage à notre frère disparu . D’où la titre du prochain album « DHISSUNGGY » D-C.D.: Parlez-nous du maxi single NOUVEL UNIVERS . C.B.: Dans ce single, le groupe raconte comment ils ont fait pour être ensemble, les innombrables difficultés dans la banlieue nord de TCHIBANGA (Tandu-Massanga). Les différents thèmes sont : les prérogatives ; c’est-à-dire les avantages particuliers, les privilèges attachés à certaines fonctions, à certains titres d’où l’expression « les moutons broutent là où ils sont attachés ». On parle aussi de la corruption de la police, de la déchéance de la jeunesse, du rôle de tout un chacun dans la société. Ceci est surtout dans le souci de relever les mentalités. D-C.D.: Qu’en est-il de l’album PANAFRICANISME ? C.B.: Ca a été pour nous l’occasion dans cet album de prôner et de chanter la diversité, l’union des Etats africains. Mais ce fut aussi le tremplin pour fustiger un tant soit peu l’insécurité grandissant dans nos villes, la vanité, de dénoncer les spoliations des peuples par leurs dirigeants, la mauvaise gestion des richesses . Cependant, à travers cet album, nous avions l’ambition d’exhorter les gouvernants à appliquer la bonne gouvernance. Mais aussi c’est pour nous l’occasion de montrer aux autres jeunes que nous avons un rôle à jouer, nous dirons même que nous avons un pouvoir et nous pouvons le mettre au service du développement de nos pays. Il faut aussi dire que cet album était surtout fait pour imposer notre type de rap (hip hop Ikoku) dans le giron du rap existant au Gabon. D-C.D.: On remarque que le groupe COMUNAUTE BLACK est un groupe d’étudiants. Comment arrivez-vous à concilier études et musique ? C.B.: Le groupe n’est pas que constitué d’étudiants. Il y en a qui sont dans le monde du show-biz . Concernant les étudiants, il y a lieu de dire que nous rencontrons parfois des difficultés, mais comme nous aimons ce que nous faisons et que nous avons la foi et la passion, nous surpassons tous les obstacles. C’est surtout cette passion là qui guident d’ailleurs nos actes, nos pas et nous conduit vers la reconnaissance du public. D-C.D.: Parlons un peu du rap gabonais. Quelle est exactement sa place aujourd’hui ? C.B. : De nos jours, le rap occupe une place de choix dans la société gabonaise. Car il y a une prolifération de groupes de rap, à l’instar de Raaboon , Bandz-Mudji, Tech-B, Secta’a, New skul, etc. Mais il y a aussi des individualités tels Baponga’a, Das Komb, Encha’a, Matt Seigneur lion, Professeur T., Yves st L’Amour et bien d’autres qui font aujourd’hui vibrer le rap gabonais. Cependant, la situation dans la quelle se trouvent les artistes gabonais en général est très déplorable. On peut parler notamment la question des droits d’auteurs qui reste jusqu’ici sans solution. D.-C.D : Comment fait alors COMMUNAUTE BLACK pour résister aux aléas de la pénurie financière qui accable les artistes africains en général et gabonais en particulier dans l’exercice da leur métier ? C.B. : Concernant ce marasme financier, le groupe compte sur les cotisations de ses membres, les dons des différentes partenaires qui apprécient ce que nous faisons et que nous remercions vivement au passage. Mais il faut aussi souligner que nous vivons également de maigres revenus issus des différents spectacles que nous faisons sur le territoire national. D-C.D: En tant que musiciens-rappeurs, qu’est-ce qui a changé dans votre vie ? C.B. : Les changements observables, c’est par exemple la façon de concevoir le monde, car la communion avec le public pendant la scène nous a grandi et nous a fait prendre conscience que nous artistes, nous sommes des leaders d’opinions, « la bouches de ceux qui n’ont point de bouches » . Nous sommes ceux-là qui disent tout haut ce que les autres pensent tout bas. C’est pourquoi nous avons toujours nos amis avec nous où que nous allons. Parce que nous estimons que ce n’est pas parce que nous avons un bout d’autorité que nous devons oublier les autres. D-C.D : Quel futur prévoyez-vous pour le rap gabonais ? Notre souci est de voir le hip-hop gabonais se hisser au rang international à travers son originalité et sa particularité, nous voulons insérer notre style dans le concert des Nations comme l’ont fait les Congolais, les Sénégalais et les Ivoiriens ou même les Camerounais à travers les célèbres rythmes locaux. On peut citer les exemples du «Ndombolo ,du Coupé- décalé, du Makossa, du Mbalax » D-C.D : Qu’apportez-vous alors comme originalité pour soutenir l’épanouissement du hip-hop gabonais hors des frontières nationales dans ce cas ? C.B. : Le groupe C.B ne plagie pas l’occident Mais nous faisons du rap sur fond métissé de tradition et de modernité. C’est d’ailleurs cela notre authenticité. Puisqu’il y mélange de folklore local et des sonorités occidentales . Et nous sommes convaincus qui si Dieu le veut d’ici là nous pourrons exporter notre musique hors de nos frontières. Car le monde a plus que jamais besoin de se reconnaître dans l’unité de sa diversité. D-C.D : Dans votre titre panafricanisme vous nous dites que vous prônez une réunification des Nations et des peuples africains, mais on constate cependant que sur une soixantaine de tribus ou d’ethnies qui constitue le Gabon, la C.B n’a pas prôné une ouverture vers les autres communautés. Comment lire cela ? C.B. : Avant de s’ouvrir à d’autres groupes ethniques nous avons d’abord préféré chantés dans notre langue propre, car c’est elle que nous maîtrisons le mieux. Toutefois, cela ne nous empêche pas de chanter dans d’autres langues et pour ce faire, nous pouvons retrouver dans le prochain album les rythmes Fang et Ndzébi qui sont des langues des autres zones géographiques du pays.. D-C.D : Qu’envisagez-vous pour l’avenir ? des projets ? C.B. : Nous souhaitons nous exporter vers d’autres pays plus prometteurs. Mais le plus grand combat aujourd’hui c’est de trouver un producteur à la hauteur de nos espérances pour nous permettre de vendre notre culture. Cependant nos travaillons d’arrache-pied pour représenter les jeunes valablement où besoin est nécessaire. D.-C.D.: Nous vous remercions pour cet entretien qui j’en suis sûr permettre à votre groupe de trouver rapidement un producteur et pourquoi pas des contacts pour des spectacles à l’étranger. C.B. : C’est nous qui vous remercions et vous encourageons dans le travail que vous faites pour la promotion des artistes gabonais et en particulier du rap. Nous vous remercions. CONTACT COMUNAUTE BLACK : TEL : (241) 06 04 03 90 / 06 60 91 60 « return. |