by Jean Wesley THOSIAC
Published on: Apr 6, 2005
Topic:
Type: Interviews



(Article ecrit apres le 29 fevrier 2003)

Haïti, ma terre natale, pendant plus de trois mois faisait la Une des grands journaux du monde. Ceci dû à une grave crise politique qui sévissait depuis les élections contestées du 26 novembre 2000…
Depuis le 29 février 2003, un brin d’espoir semble souffler pour plus d’un. Nombreux sont ceux qui ne cachent pas leur contentement. Mais n'oublions pas ce qui a eu lieu, les ruptures, les violences et pour penser à ceux qui n'ont pas souvent la parole, regardons en réalité comment les enfant ont vécu cette période.

On est unanime pour admettre que dans toute difficulté, crise socio-politique, les plus touchés demeurent et restent les enfants. Cela s’est démontré encore une fois dans la crise d’Haïti : selon les déclarations de la porte-parole de l’UNICEF en Haïti Madame Francoise Gruloos-Ackermans lors d’une conférence de presse, "Les enfants ont vécu des choses qu’ils n’auraient pas du vivre." Selon d’autres constats à Gonaives (ville très affectée par la crise, pendant près de 4 mois les portes des écoles sont restées fermées) beaucoup d’enfants ont perdu leurs affaires, ils ont perdu leur uniforme, leur trousse, leur cartable, leur cahiers, ils n’ont plus de chaussures.

Madame Francoise Gruloos-Ackermans d’ajouter "tous les enfants avec lesquels nous avons parlé nous ont dit qu’ils avaient été victimes de violence, qu’ils avaient vu des gens tués, des cadavres dans les rues, les professeurs ont toujours peur." A Saint-Marc lors d’une mission de l’Unicef le mardi 23 Mars dans cette localité qui se situe sur la route entre Port-au-Prince et Cap Haïtien, l’organisation a constaté que beaucoup d’enfants n’étaient pas à l’école parce qu’ils avaient fui dans les montagnes avec leur famille.

Selon le témoignage de quelques enfants que j’ai interrogé personnellement sur leur non présence à l’école la semaine dernière, alors que l’école reprenait timidement, ils ont dû se réfugier en province avec leur famille parce qu’aux environs de chez eux il y avait beaucoup de tirs, des pneus enflammés jonchaient les rues, ils avaient du mal à respirer, qu’ils étaient terrifiés et ne pouvaient pas jouer devant leur maison.

En ce qui concerne directement les enfants de l’École Nationale République du Liberia (ENRL), selon ce que m’a signalé le directeur Monsieur Metellus, pendant près de 2 mois les enfants ne pourront peut-être pas recevoir comme d’habitude le petit déjeuner. Les entrepôts de nourritures et de matériels du PNCS (Programme Nationale de Cantine Scolaire) ont été dévastés, pillés suite au 29 février : c’était un terrible razzia. Il faut noter que c’est à travers le PNCS que les enfants de l’école bénéficiaient de ce petit déjeuner grâce auquel ils absorbaient près de 40% de l'apport nutritionnel de leur journée.

Le comble dans tout cela : le nouveau gouvernement, après évaluation, a déclaré le vendredi 26 mars que le pays avait une déficit de 3 ou 4 milliards de gourdes et était en banqueroute. Beaucoup de parents, ayant perdu leur travail ne pourront sans doute pas subvenir à certains besoins primaires de leurs enfants.

En conclusion, les droits les plus intimes des enfants ont été bafoués, leur souffrance, peine a été sans réserve. Quand on pense aux énoncés de la convention des Droits de l'enfant :

> droit de manger à sa faim,
> droit de pouvoir se soigner,
> droit d'aller à l'école, droit de parole...

quand vraiment les enfants pourront-ils jouir pleinement de ces Droits ?


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