by Katie Engelhart, 16 ans, The York School, Ontario | |
Published on: Jul 12, 2004 | |
Topic: | |
Type: Opinions | |
https://www.tigweb.org/express/panorama/article.html?ContentID=3946 | |
(TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS) On m’a toujours dit qu’il me fallait gravir l’échelle du succès. Ici, au Canada, j’ai même eu le privilège de construire ma propre échelle. Cependant, quand on a les yeux fixés sur le haut de l’échelle, il est trop facile d’oublier ceux qui n’ont pas le privilège d’y monter. On m’a toujours dit qu’il me fallait avoir de grandes aspirations, de grands rêves et de toujours foncer. À mon cours d’histoire, on me parle de l’époque où l’avenir des femmes était aussi étouffant que leurs corsets lacés. Malgré cela, pendant tout ce temps, je suis là, assise dans ma chaise, l’air satisfaite, parce que je sais que cette époque est révolue et que je peux devenir tout ce que je souhaite. Tout de même, il y a de ces jours où j’ai du mal à me tirer du lit, où je redoute la monotonie d’une autre semaine d’école. Et si j’étais honnête, je dirais que je tiens l’école pour acquis. Je ne perçois pas toutes les possibilités qui s’offrent à moi; j’ai même du mal à apprécier ma liberté de choix. Lorsque je pense à ce que vivent tant d’autres jeunes filles dans le monde, il est facile d’avoir honte. Environ 130 millions d’enfants sont analphabètes et les deux tiers d’entre eux sont des filles. 56 % des enfants qui ne sont pas en classe sont des filles. Ce qui est encore plus inquiétant c’est que, selon les données de la Banque mondiale pour l’année 2002, environ 150 millions de filles abandonnent l’école avant même d’avoir terminé leurs études primaires. Les statistiques sont faciles à comprendre; ce qui est plus difficile à saisir ce sont les raisons derrière ces statistiques. Les pays de l’Afrique et les autres pays en développement mènent Les enfants naissent dans des familles qui ne peuvent pas les soutenir ni au plan financier, ni même au plan émotionnel. Les filles sont privées de l’enfance à laquelle on accorde tant d’importance, ici en Amérique du Nord. Elles sont forcées de se prostituer, doivent effectuer de dures tâches physiques ou se marier très jeunes pour soutenir leur famille. Elles sont ainsi privées de l’éducation qui leur donnerait des ailes assez fortes pour s’envoler. « Lorsqu’une famille a besoin d’un revenu supplémentaire, c’est la fille qu’on va le plus souvent envoyer au travail. Lorsqu’il faut décider qui, d’un garçon ou d’une fille, ira à l’école, c’est la fille qui est la plus susceptible de rester à la maison », déclare Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies. Et la roue continue de tourner, les femmes donneront naissance à d’autres filles qui seront opprimées à leur tour. Le monde a maintenant les yeux ouverts. Non seulement les pays reconnaissent le problème, mais ils sont conscients qu’une meilleure éducation des filles va porter des fruits. Selon un rapport de l’UNESCO, le revenu d’une fille dans un pays en développement est directement lié au nombre d’années qu’elle passera à l’école. Une seule année d’enseignement primaire correspond à une augmentation de 10 à 20 % du salaire que les femmes gagneront plus tard.. Cette même année à l’école diminuera de 5 à 10 % les chances que ses enfants meurent en bas âge. En éduquant les femmes, le produit intérieur brut annuel du pays par habitant irait en augmentant, puisqu’il y aurait diminution du nombre de naissances et de personnes infectées par le VIH/sida. Ce qui est probablement le plus frustrant dans cette lutte est qu’elle semble sans fin. Comment peut-on instruire les filles si nous ne pouvons d’abord aider les familles à envoyer leurs enfants à l’école ? Comment les pays peuvent-ils fournir un meilleur enseignement s’ils n’en ont pas les moyens financiers ? L’Afrique consacre au remboursement de sa dette trois fois le montant qu’elle investit dans l’éducation. Pour l’achat d’armes, l’Inde dépense le double de ce qu’elle consacre à l’éducation. La responsabilité incombe en partie aux gouvernements mais, c’est vraiment trop facile de leur jeter la pierre. Les pays en développement doivent des millions de dollars aux pays développés. Par conséquent, il appartient tout autant aux pays riches d’agir en réduisant cette dette pour permettre aux autres de faire face à leurs problèmes. Heureusement, un effort renouvelé et unifié en faveur d’une meilleure éducation est en train de prendre son envol. L’initiative des Nations Unies en faveur de l’éducation des filles est composée d’organisations gouvernementales et non gouvernementales de divers pays et comprend l’ONUSIDA, l’OMS et le Forum of African Women Educationalists. Cette initiative s’étendra sur 10 ans et devrait permettre d’améliorer la qualité de l’enseignement et de favoriser l’accès des filles à l’éducation. Il est encourageant de voir différentes organisations s’engager dans un partenariat fondé sur la collaboration et reconnaître enfin la valeur du travail d’équipe en vue d’atteindre un objectif commun. Par ailleurs, ces organisations saisissent l’importance de mettre progressivement en application ce partenariat sur une période de 10 ans. Ils prennent en compte que des changements, qui touchent la structure sociale et économique des pays dans leur ensemble, ne peuvent s’opérer du jour au lendemain. De plus, l’idée d’établir un échéancier de dix ans permettra de centrer les efforts. Il est difficile de comprendre comment l’éducation de base arrivera à changer quoi que ce soit. Pourquoi se donner la peine d’offrir quelques années d’enseignement primaire à des filles en sachant qu’elles ne grandiront que pour devenir des mères brisées, fatiguées et affamées dont les enfants eux-mêmes seront brisés, fatigués et affamés ? Par contre, lorsque je songe à l’enseignement que j’ai reçu, je prends conscience qu’il ne se résume pas à être admis à l’université. Il nous permet de nous épanouir. Lorsque je repense à ma sixième année, je ne me souviens pas des équations d’algèbre que j’ai apprises. Je me souviens, par contre, que le travail préparé sur la culture dans le monde m’a sensibillisée aux luttes qui se déroulent partout sur la planète. Je ne me souviens peut-être pas très bien du cours de sciences de première année, mais le fait d’avoir appris à me faire des amis m’a permis d’accéder à des compétences qui me serviront pour la vie. Et, en cinquième année, le cours sur la santé m’a démontré l’importance de respecter mon corps et de le garder en santé. Même si au premier coup d’œil, l’éducation de base semble peu importante, on devrait permettre à toutes les filles du monde de se découvrir et de s’épanouir comme êtres humains. Je refuse de rester là à ne rien faire. Je refuse de tenir pour acquis mon privilège d’aller à l’école une journée de plus. S’il y a 130 millions d’enfants qui ne peuvent y aller, alors, je fais serment de tirer le maximum de chaque précieuse journée d’apprentissage. Je refuse également de me restreindre à l’enseignement que je reçois en classe. S’il m’est possible de voyager, de me cultiver en lisant, et de faire tout ce que je peux pour vivre cette lutte et venir en aide à ceux qui en ont besoin, je sais que je pourrai me servir de cette expérience pour en éclairer d’autres. L’expérience d’une personne, l’histoire d’une personne peut devenir ce battement d’ailes. Je deviendrai ce CONTEUR. Bibliographie 1. Éducation de base : offrir la possibilité à tous et à toutes, Les priorités de développement social de l’ACDI, 19 mars 2002. http://www.cida.gc.ca/cida_ind.nsf/vall/c3fa20ee0fb43105852568fc00513b7c?OpenDocument [15 avril 2004] 2. UNESCO. United Nations girl’s education initiative, 2000. http://www.unesco.org/education/efa/news_en/20.04.04_EFA2004.shtml [15 avril 2004] 3. « UN appeal for girls’ education », BBC News, 26 avril 2000. http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/726763.stm [April 15, 2004] 4. UNESCO. US Senator Clinton Unveils Plan for Global Universal Education, 2001. http://www.unesco.org/education/efa/news_en/20.04.04_EFA2004.shtml [25 avril 2004] « return. |