by MOMBO NZIENGUI Rostano Eloge
Published on: Mar 21, 2009
Topic:
Type: Opinions

Le Gabon a célébré comme toute la communauté internationale le 2 février dernier, la Journée mondiale des zones humides pour commémorer la signature de la Convention sur les zones humides du 2 février 1971, dans la ville iranienne de Ramsar, autour du thème « D’amont en aval : les zones humides nous relient les uns aux autres» ». Un mois après cette célébration, il est nécessaire et utile d’apporter un éclairage sur l’importance de la sauvegarde des zones humides.

Selon le premier article de la Convention de Ramsar, signé le 2 févier 1971 en Iran, « les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ». Partant, il existe une diversité de zones humides. On distingue les zones humides marines et côtières et les zones humides continentales.
Les zones humides côtières sont plurielles. On compte les zones estuaires et des vasières avec ou sans végétation apparente (slikkes), les mangroves et lagunes côtières à l’instar des mangroves de Pongara ou Akanda (parcs nationaux du Gabon), lagune Iguela, le delta (embouchure de l’Ogooué), les marais agricoles aménagés, les marais saumâtres, les baies (Mondah), les schorres qui sont des espaces de végétations denses recouvertes lors des grandes marées, etc.
Les zones humides continentales par contre comprennent les zones humides alluviales situées au fond de vallée des fleuves ou des rivières, les habitats fluviaux (îlots, grèves, berges, etc.) et les zones humides annexes (parties inondables, marais tourbeux, etc.). A cela s’ajoute, les régions d’étangs, les bordures des lacs, les plans d’eau ponctuels et arrière-littoraux. Les prairies humides, les tourbières, les zones humides de création récente, telles les gravières que l’on retrouve par exemple à Mounana ou à Moanda au sud ouest du Gabon dans la province du Haut-Ogoué, les bas-fonds en tête de bassin (Batavéa ou Avéa à Libreville), les mares permanentes et temporaires (lac de Nzeng Ayong, quartier de Libreville), etc.
Dans son article 2, alinéa 2, la Convention de Ramsar précise que les zones à protéger doivent « être fondées sur leur importance internationale au point de vue écologique, botanique, limnologique, ou hydrologique ». De plus, ne devraient être inscrites que des zones ayant un intérêt pour des oiseaux d’eau en toutes saisons. Si la superficie totale des zones humides du Gabon n’est pas connue, il reste que ces espaces ont la particularité d’êtres des zones hétérogènes où se développe une vie animale foisonnante. Les crues et les mouvements des eaux créent des espaces variés par l’apport de sédiments et de matières nutritives favorisant une diversité biologique et une productivité biologique élevée.
Les études en France ont montré que 50% des espèces d’oiseaux dépendent de ces zones humides, et 30% des végétaux remarquables y sont inféodés. Suivant un gradient d’humidité ou de salinité, les zones humides deviennent ainsi des sites de reproduction pour une grande diversité d’espèces comme les insectes, les amphibiens, les poissons, les oiseaux, etc. L’équilibre écologique de ces zones est fragile car dépendant d’un réseau complexe de relations entre facteurs biologiques et physiques à l’échelle d’un bassin versant.
Si un maillon est fragilisé, tout l’écosystème peut-être perturbé et affecter ces espaces pourtant vitaux pour l’économie et la vie humaine. Les zones humides présentent un intérêt vital pour la vie humaine. La dégradation de ces zones est à l’origine de l’amplification des catastrophes, de l’érosion du littoral ou des berges, et de la perte progressive de la qualité de l’eau. Autrement dit, les zones humides jouent plusieurs rôles écologiques. On note ainsi l’intérêt hydrologique, biologique, climatique, scientifique et patrimonial.
De par leurs spécificités hydrologiques, ces milieux agissent comme des épurateurs, car piégeant les dépôts de sédiments et les substances biochimiques indésirables. Elles régulent aussi les régimes hydrologiques : comme une éponge, elles absorbent et retardent le ruissellement des eaux de pluies, ou alimentent des cours d’eau en période de sécheresse. Refuges en raison de leur accès difficile, les zones humides non urbaines sont d’excellents sites pour l’alimentation et la reproduction des espèces (oiseaux, poissons), etc. Les zones humides servent de régulateurs des microclimats : les pluies et la température sont influencées localement par les phénomènes d’évaporation intense de l’eau au travers des terrains et de la végétation (évapotranspiration). La construction des maisons sur des zones humides à Libreville (capitale du Gabon) par exemple dans les quartiers Batavéa, Avéa, Carrefour B2, empêche celles-ci de refroidir les courants d’air chaud. Conséquences : la ville se réchauffe, induisant les dépenses liées à l’achat des ventilateurs, climatiseurs, voitures climatisées, les maladies cutanées liées à la chaleur etc.
Enfin, l’exubérance de la vie biologique dans ces espaces en fait des sites appropriés pour prendre conscience de la diversité biologique et du fonctionnement des écosystèmes. D’un point de vue scientifique, ces milieux sont, par le champ d’études qu’ils offrent, des terrains favorables à la compréhension des interactions entre phénomènes naturels.


« return.