by Moise CHIRHA MASONGA | |
Published on: Mar 10, 2009 | |
Topic: | |
Type: Opinions | |
https://www.tigweb.org/express/panorama/article.html?ContentID=24507 | |
8 MARS 2009, JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME : LES OBJECTIFS LOIN D’ETRE ATTEINTS… DEFIS ENORMES ! QUID DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ? Chers tous ; Ce 8 mars 2009 nous allons ensemble célébrer la Journée Internationale de la Femme ( JIF ) cette fête institutionnalisée par les Nations Unies en 1977 et qui ne cesse, au fil des ans, de nous appeler au combat pour le respect des Droits de la Femme en général et de son statut particulier dans nos différentes sociétés. Les femmes ont toujours été au centre de notre vie quotidienne et portent avec elles toutes les souffrances endurées mais aussi les joies ressenties. Le pari de l’égalité de genres nous a été lancé et il est de la responsabilité de tous à s’impliquer dans cette lutte contre les disparités entre les femmes et les hommes en ce qui concerne : - La reconnaissance et la promotion des droits fondamentaux de la Femme - L’accès à l’Education - L’accès aux Soins de Santé surtout en ce qui concerne la santé materno-infantile, le VIH/SIDA,… - La participation aux débats et à la prise de décision publique - L’accès au travail adéquat, à une autonomisation suffisante et à une justice équitable - … Cette date symbolique mais moment fort de notre vie de chaque jour doit être une occasion pour questionner les politiques et oeuvrer pour un changement constructif des mentalités locales et culturelles avilissantes faisant de la Femme un sous Etre Humain. En 1999, l’Espérance de vie des femmes en République Démocratique du Congo avoisinait les 52 ans, qu’en est-il aujourd’hui avec les guerres à répétition, les déplacements des populations et les crises financières et alimentaires mondiales actuelles ? En novembre 1967, l’Assemblée Générale des Nations Unies proclamait la Déclaration Universelle des Droits de la Femme visant à redonner à la Femme son statut d’acteur social, économique, politique et culturel incontournable au sein de nos sociétés. Nous sommes au niveau du bilan de toutes les déclarations faites et aux actions entreprises pour améliorer les conditions de la Femme à travers le monde entier. Pour ce combat des Femmes et pour les Femmes, les intentions premières sont toutes reprises dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement ( OMD ) avec quatre d’entre eux directement liés aux droits des Femmes. La République a ratifié et adopté plusieurs instruments juridiques internationaux dont la Convention sur l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes et le Plan d’action de Beijing de 1995. L’Heure est au bilan… Effectivement, et dans la globalité, des avancées significatives ont eu lieu et la dernière réunion de novembre 2008 à New York a estimé, en ce qui concerne l’Education, que les filles constituent les 55 % de populations non scolarisées. Ces estimations quoique prometteuses ne doivent en aucun cas nous faire oublier – pour ce qui est de la République Démocratique du Congo par exemple – le calvaire dont souffrent les jeunes filles pour aller à Commentaire [M1] : http://w ww.fraternet.com/femmes/info30.h tm l’école par suite de l’insécurité ( kidnappings, viols,… ), de la déchéance étatique dans le domaine de l’Education ( enseignants pris en charge en grande partie par les parents d’élèves ) et de la pauvreté généralisée de congolais. Les jeunes filles comme les Femmes restent toujours susceptibles de violences de toutes sortes surtout celles sexuelles dans les zones de conflits. La région orientale de la République Démocratique du Congo voit de plus en plus de femmes être victimes de violences sexuelles de la part des civils ainsi que des hommes en armes qui sévissent dans les milieux ruraux. Nous avons toujours fraiche en mémoire l’étonnante épopée des insurgés nkundistes qui ont assiégé la ville de Bukavu ( Province du Sud – Kivu ) en juin 2004 et qui ont perpétré systématiquement des viols utilisés comme arme de guerre. Certaines femmes garderont toutes leurs vies les plaies physiques et psychologiques de ces atteintes à leur dignité ! La violence contre et sur les Femmes reste un des freins majeurs au respect de leurs droits et leur développement ! [ Pour l’UNIFEM : Une Femme sur trois subira une forme quelconque de violence dans sa vie,… ] Les chiffres des victimes de violences sexuelles prises en charges par les Organisations nationales et internationales en République Démocratique du Congo sont évidents et montrent à quel point les Femmes sont bestialisées. Un grand nombre d’entre elles n’a pas accès à cette prise en charge soit par défaut d’accès physique, soit par peur d’être stigmatisées et discriminées soit par manque de structures appropriées. D’autres, par contre, subissent de multiples agressions et se résignent à mourir à petit feu ! Si en République Démocratique du Congo la reforme législative en matière des droits de la Femme ( et de l’Enfant ) tente de suivre le pas il reste que ces nouveaux outils soient appliqués et soutenus à tous les niveaux pour leur efficiente mise en oeuvre. Dans un pays où le système judiciaire, les services de sécurité, la Police et l’armée nécessitent une refonte en profondeur, nous sommes loin de voir respectés les droits des Femmes. L’impunité caractéristique dont bénéficient les auteurs des violences faites contre les femmes laisse aussi à désirer. Il devient presque évident et habituel de voir ces auteurs bénéficier des largesses de la part des autorités établies au mépris des droits de poursuites dont devraient se prévaloir les victimes. Dans d’autres cas, les poursuites judiciaires sont bloquées ou altérées pour soi – disant ‘favoriser la paix’ alors que la réparation juridique doit survenir en plus d’autres actions ! La protection et la sécurité des Femmes et des jeunes filles est primordialement du ressort de l’Etat mais il s’avère que ce sont les tenants officiels de cette sécurité – Police Nationale, armée, services de renseignements,… - qui constituent la grande partie d’acteurs impliqués dans les violences ( surtout sexuelles ) faites à ces dernières. Les survivantes sont parfois obligées à ne pas dénoncer les forfaits et menacées échappant ainsi à une prise en charge optimale! C’est essentiellement dans les zones et endroits à risque ( champs, rivières, prisons, camps de déplacés / refugiés,… ) que ces genres de violences sont perpétrés en toute impunité par les agents de sécurité. Même de casques bleus ont été accusés d’abus sexuels sur mineurs ! Nous ne citons pas les comportements immoraux frisant et favorisant la prostitution dont sont responsables des travailleurs humanitaires. Les Femmes et les jeunes congolaises sont loin d’avoir une protection et une sécurité maximales ! Dans un pays où plus de 80% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, la pauvreté est exponentielle. Les Femmes surtout rurales ne peuvent accéder aux champs ou aux marchés par crainte pour leur sécurité ; il en est de même pour les jeunes filles qui ne peuvent aller à l’école par peur d’être kidnappé et obligé à l’esclavage sexuel par les hommes et groupes armés. Les Femmes congolaises sont loin de quitter leur état de pauvreté ! Reste à savoir si les intentions ( réelles ) vont suivre les slogans ! La multiplicité d’acteurs oeuvrant dans le domaine des Droits de la Femme et de la jeune fille et leurs diverses typologies d’actions ne contribuent pas efficacement à cette lutte mais font de celle – ci un fonds de commerce où la recherche du gain facile est l’objectif primordial. Au lieu de disperser les ressources et d’avancer en ordre dispersé, les acteurs du combat de promotion des Droits de la Femme doivent au contraire oeuvrer en synergie et symbiose pour une plus value importante. Prenons le cas d’intervenants en matière de prise en charge médicale des victimes de violences sexuelles par exemple ; nous remarquons que chaque organisation utilise ses propres protocoles médicaux parfois au mépris des recommandations et politiques nationales ; celles – ci sont aussi pour la plupart floues et incomplètes ouvrant la porte à l’aventurisme médical dans lequel les victimes sont prises non pas comme telles mais comme des objets de laboratoire. Une harmonisation d’actions est nécessaire sur tous les plans en amont ( prévention, protection, sensibilisation, législation nationale,… ) comme en aval ( prise en charge juridique, médicale, psycho – sociale,… ) pour combattre les violences faites à l’égard des Femmes et des jeunes filles surtout dans des contextes instables et d’urgences comme ceux de l’Est de la République Démocratique du Congo. Quoiqu’un peu réduites, les pratiques et attitudes traditionnelles préjudiciables et compromettantes restent toujours d’actualité surtout dans les zones rurales où l’autorité de l’Etat ne se fait pas sentir. Des activités de sensibilisation en profondeur doivent cibler ces zones et les leaders locaux pour mettre fin à de telles pratiques et permettre aux Femmes et aux jeunes filles d’évoluer dans des conditions effectives pour leur développement. Dans tous les cas, la Communauté doit être entièrement impliquée et mise devant ses responsabilités ! Il sied aussi de souligner que la date du 8 mars ne doit pas être un jour de festivité immodérée aussi longtemps que les objectifs visés ne sont ou ne seront pas dans une large mesure atteints. Nous restons, toutefois, optimiste que ce combat de longue haleine portera un jour les fruits escomptés pour voir les femmes et les jeunes filles du monde entier jouir d’une vie normale en dehors de problèmes crées par la sexospécifité. Extrait de la Constitution de la République Démocratique du Congo : ARTICLE 14 Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et d’assurer la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent dans tous les domaines notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d’application de ces droits. Par Moise CHIRHALWIRWA Masonga Goma, Nord – Kivu [ Les propos et idées développés dans cette contribution n’engagent que l’auteur ] « return. |