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Le suicide : le dernier tabou africain Printable Version PRINTABLE VERSION
by Youths Ahead!, Cameroon Oct 9, 2008
Media , Human Rights , Health   Opinions

  


En Afrique, chaque décès par suicide a des conséquences dévastatrices du point de vue affectif, social et économique pour d'innombrables familles. Il s'agit d'un problème de santé publique majeur. Certaines ONGs locales ont récemment constaté un accroissement alarmant des comportements suicidaires chez les jeunes africains. Cette recrudescence a pour origine la virulence de la « pauvreté et de la précarité, la perte d’un être cher, les disputes, une rupture amoureuse ou des ennuis personnels ». Quelques fois, pour les jeunes actifs, « les difficultés professionnelles, la discrimination, incluant l’exclusion, le rejet par autrui et le sentiment d’injustice sociale ». Dans certains cas, l’on trouve « l’isolement social, l’échec académique ou scolaire, les sévices sexuels (surtout en milieu carcéral) ». Les moyens les plus couramment utilisés pour « en finir » avec la vie sont variés, des pesticides aux armes blanches (couteaux, lames, ciseaux etc.), en passant par la pendaison et les médicaments comme les analgésiques, toxiques en doses excessives.

Le malaise tend à prendre de l’ampleur. Se manifestant souvent très tôt dans la vie et dans la plupart de cas à l’adolescence , le comportement suicidaire, chez le jeune africain comme partout ailleurs, est un cheminement long qui va de l’intention de se détruire à la tentative. Surtout, il est primordial de voir dans la « crise suicidaire » un besoin presque viscéral « d’exprimer un mal-être », d’attirer subtilement l’attention sur son malaise, et de faire « disparaître la cause de la tristesse ou la douleur (souffrance) » . Dans une Afrique où la jeunesse cherche à s’émanciper du poids des traditions en allant s’enfermer dans l’occidentalisation à outrance des comportements, sans repères, elle est aussi victime d’une overdose de l’internationalisation et la sublimation du « spleen » . Il est important qu’elle comprenne qu’être moderne et vivre la contemporanéité ne signifie nullement qu’elle devrait vendre au marché inéquitable et cannibale de la mondialisation, son âme. « Back to basics » sans pour autant s’engluer dans un africanisme débridé, risible et contre-productif qui consiste à troquer la chemise contre le cache-sexe, comme pourrait le souhaiter certains « has been » qui font de la résistance. Mais ce « Back to basics » devrait permettre une réappropriation de la solidarité africaine, de ces valeurs qui portent le « culte de la vie », c’est sans doute là une voie qui mérite d’être explorée.

Le suicide ne devrait plus être le dernier grand tabou africain. Lever l’omerta sur ce fléau qui constitue un frein, un autre, au développement de l’Afrique. Libérer la parole est le premier moyen de lutte contre le suicide, une re-évaluation franche de son impact de la part des responsables politiques est nécessaire d’autant plus qu’elle permettrait de réfléchir sur la mise en place de programmes de prévention et d’anticipation .

Une telle reconnaissance favoriserait la formation d’«agents de santé » à « l’identification et au traitement » des personnes potentiellement fragiles ou à « risque ». Mais surtout, elle permettrait de créer une cellule du type « S.O.S suicide » comme dans la plupart des pays occidentaux, ce qui contribuerait à instaurer une relation de confiance entre la personne « à bout » et des agents compétents. Par ailleurs, élever la lutte pour la prévention du suicide au rang de priorité nationale dans les pays africains pousseraient à mettre sur pied des « campagnes de prévention en milieu scolaire », d’attirer « l’attention des éducateurs, le personnel pénitentiaire, les rescapés des tentatives de suicide ou les familles endeuillées par le suicide et la responsabilité des medias » sur cette problématique puisqu’ils arrivent qu’ils y soient directement confrontés. Il faut d’urgence intensifier et coordonner l’action au niveau du continent pour éviter ces morts inutiles. Et le départ prématuré de jeunes dont l’Afrique a le plus grand besoin.









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