by j.c.p.
Published on: Sep 17, 2008
Topic:
Type: Short Stories

À la défense du Maroc...

Il y a des fleurs partout, pour qui veut bien les voir…
-Henri Matisse-

Il est 15 h 30 et il pleut à boire debout. Qu'à cela ne tienne! C'est le temps idéal pour écrire un article. Parfait, pas de problème! «T'es bonne pour écrire », me dirait ma mère. Mais cette fois, je sors des sentiers battus. Oui! Pas d'article sur la question « genre au Maroc… », ni sur le choc culturel. Il y a toujours bien des limites à répéter les mêmes « rengaines ». Et si je me portais à la défense du Maroc…? Alors, lâchez tout et «tirez-vous une buche ».

C'est en marchant sur les trottoirs envahis de nids d'autruches, un vendredi pluvieux à 21 h, que m'est venue cette idée de génie de défendre ce pays. Détrompez-vous, il n'y a pas que des toilettes turques et des dragueurs infatiguables au Maroc. Il y a aussi des petites merveilles comme le magasin d'Amine. Un soir d'octobre, avant de tourner le coin, je pouvais l’apercevoir du coin de l'œil. Sous l'averse, il se préparait à fermer boutique, mais je me suis précipitée juste à temps pour acheter ses délicieuses amandes salées: « Bonsoir, 50 grammes d'amandes s'il vous plaît! » Mais Amine n'en fait qu'à sa tête, il m'en donne 70 pour le même prix. Je quitte ensuite la boutique d'Amine, un sourire en coin...

Il y a toujours un petit côté positif qui traîne quelque part, surtout lorsqu'on reste coïncée pendant deux heures dans un train en panne, sous l'orage. À bord des wagons, ce côté positif s'appelle « le marchand de sucreries ». Au son des gouttes de pluie sur le toit, cet homme circule avec son chariot dans les allées, pour vendre des friandises… pas très bonnes pour les dents. Vous savez, des pâtisseries, des chips, du chocolat et du café réconfortant, en résumé, toutes sortes de douceurs pour l'estomac.

Autre bonne nouvelle, il n'y a qu'au Maroc où les chauffeurs de taxi soient aussi sympathiques et efficaces. Mohamed, mon chauffeur de taxi de ce matin, en est le parfait exemple. Entre deux insultes destinées aux conducteurs à l’avant, il pointe ses sourcils noirs dans ma direction et me dit avec le sourire : « Bonne journée et à la prochaine, Inch Allah! ». Et hop! Encore une autre insulte avant de le laisser repartir. Merci Mohamed.

Toutefois, malgré le sourire blanc de Mohamed et les amandes grillées d'Amine, il y a des jours où c'en est trop. On est perdu. On se sent comme l’enfant égaré dans un centre commercial à la recherche de sa mère. On tente, par tous les moyens, de trouver un minuscule, un miniature récorfort, si petit soit-il… Pour cela, il suffit d'une bonne bouffe ou bien un p'tit tour au « Hammam », un genre de bain-sauna public, pour nous remonter le « Canayen ». Je vous le jure, il n'existe pas de meilleurs remèdes (à part bien sûr, la surprenante poutine du resto Le Grillardin). Bon, c'est certain qu'aller au « Hammam », ça prend un peu de « culot » au début, mais une fois qu'on y met le pied, on n’a pas le choix. On se faire désencrasser la « couenne » beau temps, mauvais temps! Amenez-en du savon…

J'espère que vous notez tout ça? Ah oui! Mis à part de « se gratter parfois le nombril » parce qu'on s'ennuie du hockey ou des soirées « entr' chums autour d'une bonne bière frette », et qu'on ne comprenne rien à la grosse pizza identitaire «all-dressed» que le Maroc tente de digérer présentement, mis à part le terme «accommodements raisonnables» que la population d'ici ne maîtrise absolument (mais vraiment) pas, et mis à part le fonctionnement douteux du système de transports en commun, les Marocains sont toujours prêts à ouvrir la porte de leur jardin secret, à qui veut bien voir les fleurs qu’il contient. Ils font manger leurs invités jusqu'à ce qu'ils explosent, les bourrent de thé sucré et de tajines chaudes même si, en quelques minutes, on a déjà absorbé toutes les calories pour la semaine. Ils nous tendent la main et la joue les premiers et nous offrent leurs couvertures et leurs coussins préférés.

Jus d'avocats en main, je voulais ici me laisser aller selon mes «feelings» comme dirait notre Céline. Après tout, «au yâble» les affaires compliquées car finalement, il pleut des bonnes nouvelles. « Hamdoullah »!

Merci, bonsoir!


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