by Safa Mahjoub
Published on: Aug 31, 2008
Topic:
Type: Short Stories

Elle ne put que dire un seul mot et unique mot: "Adieu". Ce fut, d'ailleurs, le dernier mot qu'elle prononça.
Elle ferma les yeux. Elle se sentit étourdie, les membres engourdies, la tête lourde, la gorge sêche et les mains froides... Les idées se bousculaient dans sa tête, les sentiments se déchiraient au fond de son coeur meurtrie et faible. Les passions se tuaient dans son âme affamée et agonisante.
Elle n'ouvrit les yeux que lorsqu'il avait retourné le dos pour s'éloigner peu à peu. C'est à cet instant même qu'elle eu envie de lui courir après, de crier son nom, de pleurer, de le supplier de rester. Elle eu envie de le prendre dans ses bras, de le serrer si fort à sentir son propre coeur exploser. Elle eu l'idée de se mettre à genoux, de l'implorer, de lui demander pardon, de pleurer toutes les larmes de son corps, pleurer des larmes de sang, se laisser prendre dans un tourbillon d'ivresse et de souffrance...

Mais, au plus profond d'elle même, il y eu une force cachée qui l'en empêchait, qui le lui interdisait même. Jamais, elle ne ferait si médiocre et rabaisssante chose, même si c'était pour lui. Jamais, elle n'irait supplier quelqu'un, surtout pas un homme. Que penseraient les gens d'elle et de son acte ridicule? Tout le monde irait la montrer du doigt et se moquer d'elle et de sa faible et misérable personne qui n'a le courage et la volonté de laisser tomber un homme qui la couvrirait de honte. Après tout qui est donc cet homme? Un quidam qui non seulement la salirait mais salirait aussi son nom, le nom de son père, le nom de sa famille: une famille si respectable et honorable. Une famille de noble, puissante et Riche. Riche, qui ne s'unirait jamais à une personne telle que lui, de sa catégorie, un homme sans nom, qui porte dans ses veines un sang inconnu. Un homme pas assez riche. Un homme pauvre. Oui, voilà le mot juste: "un homme pauvre" qui ne pourrait jamais s'asseoir à la même table qu'elle. Lui, cet homme qu'elle croit aimer et pour qui elle ferait tous les sacrifices. Il n'est personne, absolument personne. Un homme comme tout autre, un inconnu, "un bâtard", son père a-t-il dit! Un homme, sans passé, sans présent ni avenir. Un homme sans rien. Oui, il n'est personne, il n'a rien et n'est rien. Comment, alors, pourrait-il jouir, au plus, d'un simple regard passager pour ne pas dire de l'amour d'une jeune femme belle et riche comme elle? Un homme qui ne pourrait jamais l'aborder ou même marcher du même côté de la rue qu'elle. Un homme qui ne lui apporterait que mépris et désolation.
"Regarde lui, voyons! ce n'est pas pour toi, ma chère! Ton cousin, par contre, il t'a toujours aimé et adoré. Vous feriez un beau mariage ensemble! Le couple parfait!"
"Le couple parfait"? Son cousin, ce bon à rien, orgueilleux, égoïste et irresponsable, vivant dans l'ombre de sa mère et sous l'aile de son père. Cet enfant gâté. Ce coureur de jupon, à moitié ivre mort la plupart du temps, claquant tout l'argent de son père dans les jeux.
"Mais, c'est la jeunesse, ma chère. Le mariage le changera".
"M'aimer? Ce goujat n'est amoureux que de la fortune de papa et des investissements et terres qu'il posséde un peu partout dans le monde!"
Mon Dieu! Elle eu la nausée!

Par contre, lui, serviable et charmant. Romantique et intentionné. Généreux et courageux. Toujours au service des autres, des pauvres et des nécéssiteux!
Non, c'est sans espoir!!
Mais que raconte-t-elle?
C'est lui, c'est l'homme de ses rêves. L'homme de sa vie. C'est lui le sujet de son plus grand et puissant amour. Lui, son sauveur. Son délivreur de sa vie séche, sans couleurs, vide et monotone.
Lui, son espoir.
Sans doute, en le méprisant, elle ne puit que se mépriser. En le détestant, elle ne puit que se détester encore plus.
En le laissant partir, elle se laisserait agoniser, mourir...
Lui, sa lumière, l'air qu'elle respire, le sang qui coule dans ses veines, la sève qui nourrit son âme.
Ils sont beau être deux mais leurs coeurs et leurs âmes sont un. Ils sont unis et le seront toujours, pour l'éternité, même après la mort. Même après la mort de leurs corps, leurs esprits seront unis à jamais.
C'est le destin qui a voulu qu'ils se rencontrent. Dieu a voulu qu'ils s'aiment de tout cet amour puissant et sans fin. Dieu a voulu qu'ils fusionnent dès le premier regard. C'est ainsi qu'ils se sont aimés, dès le premier regard, dès le premier souffle. Une naissance, "la naissance"! Un commencement, "le commencement"!
L'irruption d'un flot d'amour, de passion foudroyants! C'est lui, lui seul et personne d'autre! Lui...

Elle sentit, à présent, une autre force, une énergie si puissantes bouillonner au fond de ses entrailles et la pousser, parler à sa place, courrir à sa place. Elle se sentit emporter, s'envoler, planer de joie, de bonheur, d'amour, d'amour pur et innocent, d'amour pour lui et rien que pour lui.

C'est là qu'il se retourna et sans attendre, il l'accueillit dans ses bras. Il la serra si fort contre sa poitrine pour sentir son coeur battre dans le sien. "Je t'aime, je t'aime et je ne puis imaginer la vie sans toi. Je mourirais sans toi!"
Il la regarda avec des yeux d'amour. Avec ce regard qu'elle a tellement adoré, son regard si doux qui lui communiquait des flots de tendresse et d'adoration. Elle se sentait en sécurité, à ses côtés, dans ses bras. Une sécurité et un confort qu'elle n'a jamais ressenti de toute sa vie au près des siens même avec tout l'argent et le confort qui l'entouraient. C'est une autre sécurité dont elle avait besoin: se sentir aimée, adorée. Se sentir sereine. Oui, la sérenité. Elle n'a jamais su ce que ça voulait dire qu'à ses côtés.
C'est à lui qu'elle doit la vie, la vraie vie. Elle a vécu toutes ces années de perte rien que pour l'apercevoir un jour. Elle est nait à le voir. Il la serra encore plus fort contre lui et se sentit rassuré aux mouvements de sa respiration et aux battements de son coeur. "Je t'aime, je t'aime ma princesse."

14-09-2001
/Safa


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