by Sessi HOUNKANRIN,PCC
Published on: Aug 19, 2008
Topic:
Type: Interviews

En matière d'engagement des jeunes au niveau local et international, Marie TAMOIFO est une pionnière.
Chevalier de l'ordre national du mérite Camerounais, elle est également Porte parole Jeunesse Africaine/ Diaspora ( Bamako 2005), Coordonnatrice du Réseau sous régional des jeunes pour le fôrêts d'Afrique Centrale ( REJEFAC) et enfin Présidente de Jeunesse Verte du Cameroun. Découvrons le parcours et l'expertise jeunesse et environnement de Marie Tamoifo ...

Bonjour Marie, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ? Parles-nous de toi, de ton expérience de jeune leader ainsi que de ton engagement associatif au niveau local et international?

Bonjour à tous, je suis tout simplement et modestement Marie Tamoifo Nkom, présidente de l’Association Jeunesse Verte du Cameroun, et coordinatrice du Réseau Sous Régional des Jeunes pour les forêts d’Afrique centrale. Je suis aussi depuis , porte parole pour les OMD 2015 et pour ce qui est resté de la jeunesse africaine et diaspora. Je suis camerounaise et africaine et je vis au Cameroun. Je pense avoir acquise avec le temps une grande expérience des rencontres interafricaines et internationales, une expérience aussi associative et une expertise avérée de l’intervention publique dans des colloques et conférences internationaux, j’ai une grande pratique de l’écoute des autres et de la rédaction d’une synthèse des avis exprimés. Aussi, j’ai développé une forte aptitude à la relation interpersonnelle et à la constitution de réseaux de rencontre , d’échanges et de travail. J’observe aussi une capacité à représenter et à exprimer les prises de position, convictions et valeurs des réseaux et groupes de jeunes que je représente. J’ai été et je reste dans le milieu associatif.

En plus d’avoir été désignée porte-parole de la jeunesse africaine au Sommet de Bamako 2005, tu as de nombreuses implications associatives. Comment gères-tu au quotidien ces différentes responsabilités aussi complémentaires soient-elles?

Je me lève tous les matins en pensant à mon agenda, et surtout à ce que je vais faire comme activité, rendez vous, projets, mails et autres soucis ou questions familiales. Je vais au siège de mon association travailler comme d’habitude sur certains dossiers. J’assume entièrement cette activité et je pense que cela fait partie de moi, de mon quotidien et j’aime cela. Je suis membre de plusieurs réseaux de jeunes et je coordonne aussi certaines plateformes de dialogue de jeunes. Mon association Jeunesse Verte du Cameroun est déjà une association qui a fort à prouver mais aussi, toutes les associations de jeunes ont des choses à prouver, comme leur sens de responsabilité et surtout leur souhait de changement. Je dois dire aussi que l’équipe et mon réseau de jeunes volontaires avec lesquels je travaille est très présent et lors de nos réunions, et de nos échanges, ils me soutiennent et me donnent pleins d’idées aussi.

Quel est l’événement déclencheur de ta vocation, celui qui t’a fait prendre conscience du rôle majeur que tu aurais à jouer sur les dossiers relatifs à la jeunesse et à l’environnement ?

Le déclencheur fut celui du premier forum national des jeunes que nous avions organisés en 1999, je n’avais jamais pensé que je pouvais réunir autant de personnalités autour du sujet que je défendais, avoir été capable de mobiliser autant de personnalités, des jeunes de toutes les provinces du Cameroun, d’avoir prononcé mon premier discours officiel. Tout cela a été un déclencheur et aussi à la fin, j’avais oublié les peines que j’avais eu à subir pour organiser cette rencontre et j’ai compris que j’avais un talent et un pouvoir de changer les choses, malgré ma jeunesse.

Depuis le début de ton engagement international en 1997, quelles sont les évolutions majeures dont tu as fait le constat en matière de politique jeunesse ?

A l’époque, en 1997, on ne prêtait aucune oreille attentive aux jeunes. J’ai participé à des forums mondiaux de jeunesse, à des séminaires et rencontres internationales, on a fait le plaidoyer à maints évènements, mais le résultat était pratiquement le même. Mais avec le temps et à force d’être présents, on a commencé à nous ouvrir la porte, la communauté internationale a commencé à tirer la sonnette d’alarme et ensuite, on nous a donné la chaise pour s’asseoir et maintenant on a une chambre. Avant on avait 2 minutes de discours dans les assemblées, mais on est passé à 15 et même un peu plus car on a nos propres évènements et nos propres maisons. La perception du jeune par l’adulte a évolué mais cela dépend encore des contextes. Par exemple, nous avons la charte africaine de la jeunesse qui a été adoptée par nos Chefs d’États et Gouvernements, certains pays n’ont pas encore ratifiés mais cela viendra.

Si tu pouvais changer une chose dans le monde quelle serait-elle ? Et dans ton pays?

La perception que l’on a du jeune africain ou de la jeune africaine, celle de la femme africaine, l’image qu’on donne n’est pas toujours très reluisante, positive et c'est cela que je souhaite changer si j’en avais les capacités et le pouvoir. Et tout aussi, l’intérêt que nous accordons à la préservation de notre environnement.

Y a-t-il une réalisation dont tu es particulièrement fière? Pourquoi? Qu’a-t-elle changé dans ta vie et dans celle d’autres personnes ?

La réalisation dont je suis fière, c’est d’avoir eu l’idée un jour de mettre sur pied une association après avoir arrêtée sans le vouloir mes études, après l'obtention ma licence en droit privé, raison pour laquelle j’estime ne pas avoir terminée d’apprendre. Mon association a pu mettre sur pied un réseau national et actuellement, il est devenu sous-régional. En ce qui concerne mon association, on a plusieurs jeunes qui souhaitent être nos antennes dans leurs pays et travailler en collaboration avec nous, nous sommes actuellement un réseau panafricain jeunesse verte international. On n’a pas les capacités d’avoir plusieurs représentations par pays mais, on va y arriver. Beaucoup de jeunes me prennent en exemple et s’intéressent au milieu associatif, ce qui n’était pas le cas avant. J’écoute les autres mais je suis aussi écoutée, c’est très encourageant.

Tu as obtenu plusieurs distinctions récompensant tes qualités de leadership jeunesse et tes actions en matière d’environnement . Que t’ont apporté ces marques de reconnaissance ? Comment as-tu vécu ces moments –là ?

J’ai vécu ces moments de manière stoïque en me disant que cela voulait dire que je devais continuer d’ardeur au travail. Un encouragement à continuer et à apporter plus de visibilité à mes actions.

Comment vis-tu ton engagement en tant que jeune et femme sur le plan personnel?

Je le vis bien, j’avoue que ce n’est pas évident pour une femme, vu les préjugés, les perceptions, et la place qu’on lui donne dans la société. Cela a été très difficile de faire un choix mais je l’ai fais par amour et un jour mes enfants comprendront.

Tu fais incontestablement partie de la génération des jeunes leaders et précurseurs , en d’autres mots ceux qui ouvrent la voie à d’autres jeunes leaders… pourrais-tu nous dire quels sont tes rêves pour la jeunesse d’aujourd’hui? Que pourrais-tu dire ou conseiller aux jeunes des générations à venir ?

Mon rêve est de faire en sorte que les jeunes ne reproduisent pas les erreurs des moins jeunes.
Le jeune doit aimer son prochain, ne pas envier l’autre jeune qui réussit à se distinguer, le jeune ne doit pas être jaloux, il doit tout faire pour faire le bon choix, malgré la dureté de la vie. Il doit croire au changement et à son pouvoir de changement. Mon rêve est de voir une jeunesse africaine unie et fière, mais ouverte au monde. Mais surtout de trouver des soutiens pour mes projets, je n’en ai pas encore.

Quelles sont tes futurs projets, ambitions personnelles ?

J’ai plusieurs projets, notamment conduire la jeunesse vers le conseil africain de la jeunesse, mettre sur pied notre plateforme dynamique d’information avec un bon soutien des organisations de jeunesse, écrire un livre, continuer à me former et certainement trouver un emploi stable et durable qui me permettras de concilier mon travail de consultante et experte jeunesse tout en réalisant mon rêve africain. J’ai des projets dans le domaine agricole pour la jeunesse rurale, le domaine informatique, socio-politique et associatif, dans le domaine de l’emploi formation insertion mais surtout promouvoir le leadership féminin en Afrique.

N.B:
En 2004, Marie Tamoifo a favorisé la création du Conseil International des jeunes de la Francophonie (CIJEF à Paris.

Autres distinctions:

Juillet 2006 : African Lady Golden Award, Prix Spécial du Jury pour leadership.

Février 2006 : Prix de l’Excellence Jeunesse/ Gouvernement du Cameroun / MINJEUN pour rayonnement international.

Août 2005 : Award pour le programme Jeunesse Environnement et la création du réseau national des jeunes acteurs du Cameroun : Prix Mohammed VI / Maroc OMD.


Pour plus d'informations sur ses activités:
www.jeunessevertecameroun.org
tamoifo@jeunessevertecameroun.org


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