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Le malaise tend à prendre de l’ampleur. Se manifestant souvent très tôt dans la vie et dans la plupart de cas à l’adolescence[19], le comportement suicidaire est un cheminement long qui va de l’intention à la destruction de soi (ou à la tentative de destruction). Agressivité, sautes d’humeur, désintérêt pour presque tout, repli sur soi etc. sont des signes avant-coureurs auxquels il est important de prêter la plus grande attention. Et il est important de voir dans la « crise suicidaire »[20] un besoin d’exprimer un mal-être et de faire disparaître la cause de la tristesse ou la douleur (souffrance)[21]. Dans une Afrique où la jeunesse tend difficilement à s’émanciper du poids des traditions, allant s’enfermer dans l’occidentalisation à outrance des comportements, sans repères, elle est victime de l’internationalisation et la sublimation du « spleen »[22].
Il existe de nombreux moyens de protection et de prévention du suicide. On peut mentionner « l’éducation, l’estime de soi et les liens sociaux, surtout avec la famille et les amis, l’existence d’un appui social, une relation stable et un engagement religieux ou spirituel ». Il est impératif que le suicide ne soit plus le dernier grand tabou africain en levant l’omerta sur ce phénomène qui est un frein au développement de l’Afrique. Libérer la parole est le premier moyen de lutte contre le suicide, une reconnaissance franche de la part des responsables politiques est nécessaire d’autant plus qu’elle permettrait de réfléchir sur la mise en place de programmes de prévention et d’anticipation. Une telle reconnaissance favoriserait une formation d’« agents de santé primaires à l’identification et au traitement des personnes présentant des troubles de l’humeur peut contribuer à réduire le suicide chez les personnes à risque ». La possibilité de s'adresser en permanence à « un service de type “S.O.S suicide” en cas de détresse ». Les « campagnes de préventions en milieu scolaire, l’attention des éducateurs, le personnel pénitentiaire, les rescapés des tentatives de suicide ou les familles endeuillées par le suicide et la responsabilité des medias »[23] sont des facteurs pour limiter voire éradiquer le suicide au sein de la jeunesse africaine. Il faut d’urgence intensifier et coordonner l’action au niveau du continent pour éviter ces morts inutiles. Et le départ prématuré de jeunes dont l’Afrique a le plus grand besoin.
Le suicide en Afrique, particulièrement chez les jeunes africains est une question cruciale pour le développement du continent. Il constitue l’un des derniers tabous africains, même s’il n’est pas aussi ravageur que certaines pandémies (VIH/Sida, paludisme, tuberculose) qui touchent le continent. Il n’en demeure pas moins qu’il demeure préoccupant.
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[1] Un quartier de Douala, Cameroun.
[2] Statistique de l’OMS.
[3] L'Algérie enregistre annuellement une moyenne de 500 tentatives de suicide, selon les statistiques des services de la Protection civile. En 2007, 244 cas et 324 tentatives de suicide ont été dénombrés, alors qu'en 2006, il a été signalé 210 cas et 449 tentatives.
[4] Les tentatives ou menaces de suicide représentent 10% des causes d'admission dans un service de psychiatrie pour enfants, chez les enfants âgés de 10 à 15 ans à Johannesburg Afrique du Sud (South African Journal – 1984).
[5] Bien que considéré comme un péché capital par l'islam, le suicide est en passe de devenir une échappatoire pour beaucoup d'Algériens, notamment les jeunes désespérés.
[6] «Jusqu'à présent, je n'arrive pas à admettre et à comprendre pourquoi mon fils, Brahim, s'est suicidé. Il était un musulman pratiquant. Matériellement, il ne manquait de rien. Il avait tout pour être heureux : un appartement, une voiture et un poste de travail stable. Aucun signe apparent n'indiquait qu'il allait se donner la mort», témoignage recueilli en Algérie après l’annonce du suicide d’un jeune algérien. – Samia Kaci (Midi Libre).
[7] « Depuis les chocs pétroliers, le suicide des jeunes augmente et celui de leurs aînés se maintient ou diminue. C'est sans doute le constat le plus grave » - Christian Baudelot and Roger Establet in Suicide, l’envers de notre monde, Le Seuil, Janvier 2006.
[8] du latin sui caedere, se tuer soi-même.
[9] du grec auto-, soi même, et -lyse destruction
[10] Comme le soulignait deja l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2000, « 1 million de personnes sont particulièrement concernés par le suicide». Aujourd’hui, la situation est encore plus alarmante, car on estime que « 10 à 20 fois plus ont fait des tentatives de suicide à travers le monde. Ceci représente en moyenne une mort toutes les 40 secondes et une tentative toutes les 3 secondes ». Ainsi, le constat doit être fait qu'il y a plus de morts par suicide que de morts provoquées par tous les conflits armés à travers le monde.
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