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L’angoisse de l’avenir. Printable Version PRINTABLE VERSION
by Youths Ahead!, Cameroon Jan 13, 2008
Media , Human Rights , Peace & Conflict   Opinions
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Près d’un millier d’étudiants en ce jour de rentrée académique dans cet amphi de l’université de Yaoundé qui semble trop étroit pour contenir toute leur ambition et tout leur enthousiasme. Il fait près de quarante degré à l’ombre et il sont entassés les uns sur les autres, jouant des coudes pour se faire de la place, comme si ici le véritable luxe c’est l’espace. Le professeur a du mal à se faire entendre, le microphone étant hors service depuis des lustres, sa voix fatiguée n’arrive plus à capter l’attention de cette petite chine qui lui fait face. Troublion, le public l’observe et lui envoie des paroles assassines qui, habitué, non pas l’air de l’affecter. C’est de cette manière incongrue que l’on dispense les cours dans la plupart des écoles supérieures publiques au Cameroun. De nombreux jeunes étudiants entament ce parcours du combattant sachant déjà qu’ils auront tous peu de chance de faire carrière dans leur pays. En quête d’un meilleur avenir, ils donnent tout dans l’espoir de faire partis un jour à leur tour de l’élite impeccable qui se bronze au soleil monétaire. Mais ils le savent, la réalité est implacable, plus de 34 pour cent des jeunes en Afrique subsaharienne sont des chômeurs selon un rapport du Bureau International du Travail (BIT) de 2006 sur l’emploi des jeunes dans le monde, ce qui signifie qu’il y a peu de chance qu’ils puissent après l’obtention de leur diplôme trouver un travail décent. Le sous-emploi des jeunes est une préoccupation majeure dans l’élaboration des politiques de développement.

Le Cameroun comme la plupart des pays de l’Afrique noire connaît une crise profonde de l’emploi des jeunes. Avec les programmes d’ajustement structurel menés dans les années 90 sous le contrôle des institutions de Bretton Woods, le Cameroun a connu une terrible descente aux enfers qui a plombé le niveau de vie de ses habitants, surtout celui des classes les plus populaires. La baisse des salaires des agents de l’Etat, la revalorisation de la monnaie nationale et de la diminution significative de la productivité des secteurs industriels, miniers, forestiers et agricoles a accru la pauvreté des ménages ainsi que la misère des foyers modestes . Des entreprises publiques ont dû fermer ou ont été privatisées provoquant du coup un choc terrible dans le domaine de l’emploi et celui-ci s’est traduit par des licenciements massifs mais aussi par le renforcement d’un climat d’insécurité sociale.
Les moyens alloués à l’enseignement et au Fond National pour l’Emploi (FNE), une sorte d’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) à la camerounaise, ont été considérablement révisés, laissant dès lors sur le carreau la qualité de la politique d’éducation nationale et de l’emploi. Le système éducatif entier a presque été anéanti et la formation professionnelle s’est sensiblement appauvrit. Une situation qui a conduit à plus de corruption et d’opacité, décrédibilisant au passage les diplômes nationaux.

Tous les observateurs sont unanimes sur le fait que le climat à l’heure actuelle est morose et cela se voit en partie à travers le taux d’échec record aux examens officiels, qui depuis ces dernières années plonge littéralement dans les abysses. C’est dans ces conditions particulières que les étudiants camerounais, à l’instar de ceux de l’université de Yaoundé, sont confrontés dès le début de leur parcours au problème du sous-emploi et à l’inexistence de débouchés. L’on peut facilement déceler dans les conversations et les débats qu’ils ont aux heures de pause, une réelle angoisse de l’avenir. Quelle formation pour quelle vie ? Voilà en résumé la question qui taraude ces jeunes gens. Certains avouent que le choix de leur filière est motivé non pas par une certaine vocation mais par le souci de rentrer dans les exigences du marché du travail. Alors, on constate que les filières professionnelles (économie, comptabilité, management etc.) sont saturées tandis que les filières plus classiques comme les lettres sont désertées. Fait nouveau, le droit et la science politique ont depuis cinq ans le vent en poupe, sans doute à cause de l’amélioration de la fonction libérale et de l’impression que la politique enrichit.
Et lorsque ces efforts ne suffisent pas, les jeunes camerounais n’hésitent pas à tenter leur chance par la voie de l’immigration, clandestine ou pas. Tous les réseaux menant à Paris.

Ils se donnent à fond, c’est indéniable les jeunes camerounais sont de grands bosseurs. Et malgré la faiblesse de perspectives, ils cherchent à s’en sortir dans le secteur informel. C’est ici ce que l’on appelle la « débrouillardise ». C’est ainsi que l’on retrouvera dans les rues de Yaoundé de jeunes vendeurs à la sauvette, de « bensikinneurs » , de laveurs de voiture, pourtant diplômés des plus sérieuses écoles. Souvent, en marge de cet informel dans lequel ils essaient tant bien que mal de survivre, il est courant que les jeunes camerounais se réfugient dans les buveries, la prostitution et la délinquance, faisant des zones urbaines et industrialisées des lieux d’une forte dangerosité. Les agressions sur les personnes, les braquages et les délits de tout ordre sont le lot quotidien des habitants de Yaoundé dont les responsables sont dans la majorité des cas de jeunes, victimes des célèbres maux de Voltaire : l’ennui, le vice et le besoin.





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