by William | |
Published on: Jul 21, 2007 | |
Topic: | |
Type: Opinions | |
https://www.tigweb.org/express/panorama/article.html?ContentID=15111 | |
Définition Les talibés sont les disciples du Coran sous la direction d’un marabout c.q. maître du Coran. Position La situation des talibés en Afrique de l’Ouest et spécifiquement au Sénégal est depuis quelques années, un sujet de discussion très actuel. Au Sénégal, ainsi que dans d’autres pays il y a beaucoup d’associations, de petites fondations privées de l’extérieur, ainsi que de grandes ONGs, qui se battent pour l’amélioration des conditions de vie de ce groupe toujours croissant des enfants de la rue mendiants. Argent Le montant d’argent qui est alloué annuellement par l’Etat et les bailleurs de fonds à l’ “aide aux enfants” est inconnu. Les dernières années le gouvernement sénégalais a arrêté son engagement financier en faveur des enfants de la rue suite à un manque d’argent et des changements d’orientation politique. Cette dernière évolution est surtout perceptible dans le secteur de l’éducation, mais peut aussi avoir occasionné une augmentation du nombre des écoles coraniques (daara’s). Les grèves des instituteurs à cause du non-paiement de leurs salaires atteignent en premier lieu les écoliers. Un grand nombre d’instituteurs quittent l’éducation publique et cherche du travail dans le groupe croissant des écoles privées. Suite à cette fuite intellectuelle la qualité du système éducatif public diminue remarquablement. A cause de la croissance disproportionnée de la population, les écoles primaires et secondaires sont saturées par les effectifs pléthoriques des élèves. Il y a peu d’espoir que le gouvernement marquerait à court terme de grands succès avec ses plans de planification familiale. Chiffres Il n ‘y a pas de chiffres exacts sur le nombre de daara’s et talibés (à Dakar ou ailleurs). Jamais il n’a été évoqué un programme d’études national sur les daara’s, comparable au programme d’études national qui est en vigueur pour les écoles primaires et secondaires. Un tel plan d’études en combinaison avec une réglementation précise pour l’établissement d’un daara pourrait diminuer considérablement le phénomène de la multiplication exponentielle des daara’s qui poussent à l’état sauvage. Le gouvernement aurait un autre problème, si les talibés, dont le nombre est estimé à plus de 500.000 enfants, commençaient à fréquenter l’éducation régulière. A savoir qu’il n’y a nullement de la place pour tant de nouveaux élèves. On se doute que c’est pour cette raison que le gouvernement ferme les yeux sur la croissance sauvage des daara’s. Nombre Le nombre d’écoles coraniques (daara’s) augmente en premier lieu dans les grandes villes. La plupart du temps ce sont les maîtres du Coran, les Marabouts, qui partent des zones appauvries (la campagne) pour les grandes villes avec 15 à 30 enfants de l’âge de 5 à 12 ans qui leur sont confiés (oralement) par les parents. Auparavant, c’était une affaire honorable de “pouvoir” faire éduquer son fils par un marabout. Malheureusement, cette tradition s’est dégénérée et est devenue une échappatoire pour l’exploitation et le travail forcé des enfants. Arrivé à Dakar le marabout cherche un abri pour le daara dans des maisons inhabitées. Ce n’est pas difficile de trouver un tel abri. A Dakar, une ville avec plus que 3 millions d’habitants, certaines constructions ne sont jamais achevées. Dès fois moyennant un arrangement de bail temporaire, le propriétaire laisse installer le daara dans sa maison inachevée. Une fois l’abri réglé, les enfants sont obligés d’aller mendier tous les jours avec les boîtes de tomate concentrée vides. Les enfants doivent en général rassembler de 400 à 600 CFA (presque 1 euro), avant de pouvoir rentrer au daara. Dès fois les talibés sont obligés de mendier également une grande partie de la nuit avant d’avoir collecté les fonds exigés. Le marabout se couvre en déclarant qu’il initie les enfants au Coran en échange de leur contribution mendiée. Cette prétendue initiation au Coran qui est très difficile à vérifier, semble être en contraste amer avec les traumas et l’endurcissement interne que ces enfants vivent à cause de cette pratique quotidienne de mendicité. En observant les enfants mendiants, il est clair que leur santé corporelle en souffre autant. En plus de parasites intestinaux, beaucoup de garçons sont couverts de cicatrices et ont des abcès et autres blessures infectées. Si les enfants grandissent sans qu’il y ait un renfort en nouveaux talibés, le daara se disloque souvent. De plus en plus on trouve les gîtes quittés par les marabouts, où les enfants sont laissés à leur sort et essaient de survivre comme enfant de la rue. Ou, à l’âge de 16 ans, les enfants quittent par eux-mêmes le daara. Souvent déplacés et détachés suite au long séjour loin de leurs parents et de leur village, ils commencent leur carrière dans la rue. Néanmoins on peut aussi trouver quelques daara’s qui sont bien organisés. Le plus souvent ils s’organisent comme un semi-internat. Ces daara’s ont traditionnellement une structure très claire et n’envoient pas leurs élèves mendier. Ils se discernent en conceptions religieuses et en tarifs scolaires. Leur but est clairement l’éducation religieuse et la formation professionnelle. Ces daara’s qui peuvent avoir survécu déjà une dizaine d’années ont néanmoins beaucoup de difficultés à gérer leurs activités avec leurs budgets limités. Logement, matériel scolaire et trois repas par jour leur mettent aux frais, puisqu’ils ne sont pas financés par le gouvernement. Programme d’études national pour les daara’s Il paraît évident que le gouvernement mettrait en place un curriculum comparable à celui de l’éducation primaire et secondaire pour les daara’s, dans lequel notamment la mendicité est réprimée. A côté des parents, l’Etat participe dans la responsabilité de l’éducation des enfants. C’est clairement inscrit dans la constitution sénégalaise et le Gouvernement a participé activement au Discours pour les Droits de l’Enfant. Malheureusement les plans du gouvernement dès fois bien concipiés ne sont jamais mis en œuvre à cause de la bureaucratie et du manque d’argent (de développement). Comme cité ci-dessus, il n’y a pas de chiffres exacts disponibles sur le nombre de daara ni sur le nombre de Talibé. Les recherches des instances extérieures de coopération au développement au Sénégal (ONGs) ne peuvent que fournir des estimations. Recherche partenaires L’association Xalebi-Senegal et l’ONG Dakarkidz, tous les deux avec une organisation sœur aux Pays Bas, ont décidé d’un commun accord de lancer leur propre recherche indépendante sur la situation des talibés et leurs daara’s. Xalebi-Senegal Xalebi-Sénégal offre, dans son bureau multifonctionnel à Yoff, le matériel de travail et s’appuie sur son réseau de connaissance mondiale et nationale pour les financements de courte durée pour les initiatives transparentes et fondées au profit des enfants au Sénégal et de leur bien-être. Dakarkidz Dakarkidz est depuis longtemps actif à Dakar avec des initiatives d’accueil des talibés/enfants de la rue et est en ce moment en train de construire un logement tout neuf en vue de la réinsertion des enfants de la rue, à Yoff Mbenguene. Dakarkidz développe en collaboration avec le Centre ASSEA à Point E Dakar un internat de deuxième phase. Dakarkidz se concentre sur les enfants dès l’âge de 12 ans ayant des qualités dirigeantes ou entreprenantes. ASSEA se concentre sur les enfants de 15 ans qui veulent apprendre un métier ou finir l’école secondaire tout près d’eux. CATIS-Coalition Africain Talibé International Sénégal. L’enquête sur les talibés sera menée par l’Association CATIS. CATIS a été créée par Xalebi-Senegal premièrement pour mettre en place un open-source data base électronique afin de publier sur l’Internet tous les petits et grands organismes actifs dans le secteur du bien-être des enfants et deuxièmement pour faire des recherches spécifiques au niveau local et national. L’ONG Dakarkidz ouvrira dans sa nouvelle demeure à Yoff/Mbenguene en mi-février 2008 une cuisine centrale où les daara’s peuvent commander des repas si leurs élèves ne doivent plus mendier. Pour cette raison, la recherche cartographique/anthropologique de CATIS se limitera en premier instant sur le nombre de daara’s légaux et illégaux dans l’arrondissement de Yoff. Après évaluation, les autres arrondissements suivront. La recherche se mène à travers un questionnaire très détaillé. Le team de CATIS est constitué consciencieusement par des jeunes académiciens qui entre autre parlent divers dialectes/langues. Pour les daara’s de Guinée et Mali des mesures spéciales de précaution ont été prises. Ensuite on enquêtera sur les groupements de la population locale qui appuient les daara’s formellement et à titre non-officiel. Puisque les enquêteurs mènent leur recherche à la source (dans les quartiers) ils s’informeront aussi sur la position et les conditions de vie des filles entre 12 et 18 ans. Cette recherche fera objet d’une publication isolée. Les résultats de cette enquête seront publiés en version imprimable en français, anglais et néerlandais sur les sites web suivants : www.catis.nl - www.dakarkidz.com – www.xalibi-senegal.nl . Pour le moment, je remercie de tout cœur ceux qui ont rendu possible et appuyé cette phase préparatoire et je souhaite toute la force et sagesse nécessaire aux enquêteurs. William Deymann Yoff, Juillet 2007 « return. |