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Article tire du : www.lenouvelliste.com
En Haïti, le désespoir pousse à l'exil malgré les risques
Réunis par groupes de cinq ou plus, assis sur des troncs d'arbres face à la mer ou sur de vieilles barques de pêcheurs, des jeunes Haïtiens se disent déterminés à prendre la mer en direction des Etats-Unis pour fuir le chômage et la misère.
La mort récente de dizaines de leurs compatriotes, lors de tentatives désespérées de quitter le pays sur de frêles embarcations, n'effraient point ces jeunes de Petit-Goave, à 66 km au sud de Port-au-Prince, qui vivent sans travail, sans espoir.
"Nous n'attendrons pas longtemps avant de partir, qu'importe si nous nous exposons au danger de la mer. De toute façon, nous sommes exposés à la mort tous les jours", dit Adras, 24 ans, pêcheur après avoir arrêté l'école. "Il faut mourir pour donner la vie", ajoute-t-il, faisant référence au Christ. "Un jour ou l'autre je mourrai, alors au lieu de rester dans l'attente de quelque chose qui ne viendra pas, mieux vaut partir à la recherche de la vie", ajoute ce jeune père de famille.
Dans le quartier de "Persaint", face à la mer, les jeunes comme les adultes n'ont d'yeux que pour l'océan. Certains s'y intéressent pour la pêche mais cette activité a cessé d'être porteuse, d'autres pour le voyage vers l'inconnu à la recherche de meilleurs lendemains.
Il y a quelques années, de nombreuses embarcations avaient quitté le vieux port de Petit-Goave pour la traversée vers les Etats-Unis. Certains ont réussi, d'autres pas.
Si aujourd'hui aucun voyage ne semble planifié, cela ne devrait pas tarder tant la tentation et le désespoir sont grands parmi la population.
"Avec le coût de la vie, le chômage et la misère, les gens n'ont pas le choix", dit Dully Chardonette, étudiant. "Mais les Blancs surveillent les côtes et ne laissent passer personne", ajoute-t-il.
"Tout est un facteur de chance dans la vie", rétorque Ronald, 40 ans, chômeur. Il est prêt à prendre le risque même s'il est conscient que la probabilité d'arriver aux Etats-Unis est de plus en plus faible. "10% de chance", mesure-t-il.
Julmay Jean Marie, père de 7 enfants, a échoué lors de quatre tentatives pour partir. Il a été refoulé chaque fois. La dernière tentative date de 1994 en pleine crise politique, les Américains laissaient venir les Haïtiens qui fuyaient les persécutions politiques. Julmay n'a pas été qualifié pour entrer en Floride, son rêve de toujours. Plus de dix ans après, il ne désespère pas de toucher un jour la terre américaine.
De nombreux habitants vivent des transferts d'argent des boat-people qui ont été admis comme réfugiés politiques et de ceux qui ont pu arriver, au terme de voyages périlleux, sur les plages de la Floride.
En coordination avec les autorités haïtiennes, un navire des garde-côtes américains, le "Hamilton", surveille la mer et ne laisse passer personne. Chaque semaine, des centaines de voyageurs surpris en mer sont refoulés.
Les risques de mort et d'arrestation ne font pas peur aux candidats au départ. "Si nous ne pouvons pas arriver aux Etats-Unis, il y a les Bahamas ou d'autres îles. Ailleurs, c'est mieux de toute façon", affirme Tchaly, 21 ans et prêt à partir.
"Les responsables du gouvernement haïtien ne font rien pour changer notre vie", se plaignent Frantz et ses camarades. "Nous voulons leur lancer un message et leur dire que nous n'en pouvons plus de vivre dans ces conditions".
En Haïti, pays le plus pauvre du continent américain, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté de deux dollars par jour et plus de 70 % de la population active est au chômage.
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oseeresidor
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