by JOSEPH Marckenson
Published on: Mar 10, 2007
Topic:
Type: Opinions

Des vérités qui dérangent :

Le peuple haïtien fait face à un très grave problème :
L’Etat haïtien est en crise. Il est en faillite. (Multiple organ failure). Il n’est pas viable. Il survit par des moyens « artificiels ». Il est réduit à la mendicité internationale.Les raisons profondes et l’analyse de cette faillite.

Les raisons historiques et culturelles :

Les effets secondaires indésirables et pervers de la guerre de l’indépendance : destruction des infrastructures de production et perte de précieuses ressources humaines.
L’économie de guerre obligée, -dès le début de notre existence comme nation indépendante- face à l’hostilité manifeste des puissances colonisatrices : les dépenses militaires improductives.
Il fallait construire des fortifications et acheter des armes au prix fort.
Le paiement de la dette de l’indépendance.
La violence continuelle érigée en système, comme seul et unique moyen de résoudre les conflits. En témoigne le premier acte officiel de violence : l’assassinat de l’empereur en 1806, deux ans à peine après l’indépendance.

L’éternel « koupé tèt boulé kay » (couper les têtes et brûler les maisons), qui ne devrait plus avoir sa justification après l’indépendance.
Les innombrables actes de piraterie, de pillages et d’incendies criminels. Même l’ancienne cathédrale de Port-au-Prince n’a pas été épargnée. Nos multiples et intempestives guerres intestines, fratricides et dévastatrices.
Les nombreuses extorsions de capitaux perpétrées sous la menace des canonnières de puissances étrangères au cours du XIX ème siècle et plus près de nous (1914-1915), la disparition subreptice, clandestine et illicite des réserves d’or de la Banque Nationale. Nos fréquentes dépenses somptuaires le plus souvent superflues et injustifiées.
Une instabilité politique récurrente à n’en plus finir. Avec pour corollaire obligé : l’exode (fuite) continuel des capitaux, l’exode continuel des cerveaux et départ forcé pour l’exil et départ volontaire,
l’exode continuel des bras.
Tous ces événements fâcheux de notre histoire, nos comportements regrettables et contreproductifs, notre forte propension au marronnage,
un individualisme farouche, notre penchant viscéral, une fois au pouvoir, à vouloir diriger, sans partage. La méfiance à l’égard des uns et des autres. La méfiance voire l’hostilité envers les étrangers. {étranjé pa mélé : étrangers s’abstenir}. Un nationalisme cocardier et de mauvais aloi, actuellement tout à fait dépassé.
Nos turpitudes quotidiennes, ne nous ont pas permis, durant les 200 ans d’existence de notre nation, d’accumuler le capital indispensable au développement de notre pays, Haïti.

Et aujourd’hui l’État haïtien, le secteur privé - la dite « bourgeoisie d’affaires » haïtienne - la société civile en général, tous ensemble n’ont pas les moyens - capital, technologie, savoir-faire et cadre légal - pour exploiter les ressources naturelles (brutes) du pays, y ajouter de la valeur, en vue de créer des emplois productifs – (mettant la population au travail) - et générer ainsi des services et des richesses.


L’explosion démographique et l’exode rural :
Une population qui n’a cessé et ne cesse de croître à un rythme accéléré, alors que les ressources n’augmentent pas ou même diminuent. Le dépeuplement des campagnes au profit des villes (surpopulation urbaine et bidonvilisation).

Un chômage endémique et chronique :

La grande majorité de la population se retrouve au chômage (vrai ou déguisé). Cette majorité, qui réclame et demande des services à cor et á cri, n’a pas un revenu formel suffisant pour être assujetti à l’impôt. Bien au contraire, elle aussi, est réduite à la mendicité à travers les ONG d’aide humanitaire et les transferts d’argent provenant des haïtiens vivant à l’étranger (la diaspora). A noter qu’une certaine fraction de cette majorité - les petits entrepreneurs, les petits commerçants, les faiseurs de petits métiers - se retrouve dans « l’informel » et ne contribue pas non plus en impôt sur le revenu pour augmenter les recettes de l’État.
Il en résulte une énorme et insurmontable disproportion entre d’une part les ressources disponibles et d’autre part les besoins à satisfaire à travers les missions régaliennes de l’État.

Nos dirigeants sont donc toujours en train de gérer la pénurie, la pauvreté et la misère. Le budget annuel étant toujours un budget de famine - Ex: 800 millions de dollars (dont, soit dit en passant, 500 millions doivent provenir de la communauté internationale) pour 10 millions d'habitants pour l’exercice 2005-2006-. Moins de $100.00 par an par habitant. L’État étant le pourvoyeur de services par excellence, on comprend bien pourquoi, avec un tel budget, tous les services fournis sont au rabais voire exécrables et fort souvent inexistants.

Ici, il est bon de rappeler les missions régaliennes incontournables de l’État :
-Délivrer un acte de naissance, un état civil à tous les citoyens.
-Faire le relevé détaillé des propriétés territoriales communales (Cadastre).
-Financer la scolarisation obligatoire des enfants jusqu’à l’âge de 14 ans.
-Financer l’Université et le service recherche et développement. (R&D).
-Protéger l’environnement et le patrimoine en général.
-Reboiser nos montagnes érodées (reforestation). Protéger et aménager nos bassins versants.
-Assurer la protection des frontières terrestres et maritimes, et de l’espace aérien.
-Instaurer un pouvoir judiciaire, compétent et impartial.
-Assurer la sécurité des vies et des biens à travers une police auxiliaire de la justice et une force de l’ordre.
-Collecter efficacement les taxes et les impôts sur tout le territoire.
-Dispenser des soins de santé primaire et assurer le fonctionnement adéquat des hôpitaux publics.
-Lutter contre les endémies majeures: Malaria, Tuberculose, Sida etc.
-Doter le pays des infrastructures de base indispensables à tout développement économique: routes, électricité, télécommunications, adduction d’eau courante, port, aéroport.
-Appliquer une politique de conservation de l’eau. Châteaux d’eau, citernes géantes, lacs collinaires, barrages-réservoirs sur tous les cours d’eau et rivières.
-Curer régulièrement les rivières et les canaux d’irrigation des terres agricoles.
-Edifier de nouvelles villes et de nouveaux villages en des endroits ou sites appropriés dans les différents départements afin de contrer la bidonvilisation intempestive de nos villes existantes, et aussi de regrouper les populations rurales et faciliter leur approvisionnement en services essentiels de base: électricité, eau courante, téléphone, écoles, hôpitaux, marchés publics, églises, centre de loisirs, stades de jeux etc.
-Appliquer une politique effective et efficace de planification familiale.
-Mettre en place toutes les institutions prévues par la Constitution.


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